Ils entourent, contiennent, retiennent, isolent.
Comme un vase contient et met en valeur une fleur, la bague contient et met en valeur un doigt. Elle introduit des espaces entre les doigts de la main et elle est elle-même espacée du doigt. Elle influence nos gestes, modifie notre comportement et la perception de notre propre corps.
Choisir une bague, la glisser au doigt, sentir son poids, sa forme et sa texture particulière, puis, plus tard l’enlever, est une expérience érotique. On ne peut pas l’oublier, même quand on ne la porte plus, elle reste inscrite dans la mémoire tactile du corps. Le bijou est par excellence un objet compagnon, un objet choisi qui –de plus-sert à dévoiler une part de l’intime aux autres.
Le bijou non porté se range dans un contenant crée spécifiquement pour lui. Ce contenant situe l'objet, prolonge et renforce son caractère. Il permet le rituel de « cacher » l’objet et de le (re)découvrir. Ainsi, pour chaque pièce j’invente une boîte qui procure ce suspens, ce plaisir renouvelable qui annonce un objet précieux.
Enfin, quand le bijou est présenté dans une vitrine il devient objet de désir, objet de rêve. Il acquiert un statut indépendant, une dimension qui n’est plus en relation avec un corps ou un vêtement ; il est en relation avec l’espace d’exposition. Dans ce sens il stimule et active l’imaginaire de tout un chacun.
Le thème des « fingervessels » est ma principale préoccupation depuis de nombreuses années et il évolue avec le temps et avec les déplacements inhérents à ma vie.
Esther Brinkmann
Designsuisse - Les Docs RTS 1 (7 août 2009)
Film documentaire sur Esther Brinkmann