La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
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La statuette de Jean-Robert-Nicolas Lucas de Montigny intitulée Voltaire debout, et lisant entre à l’Institut et Musée Voltaire dans les derniers jours de 1957. Mise en vente en octobre, elle est acquise par la famille Pictet, qui en fait don à la Ville de Genève. Theodore Besterman n’avait certes pas caché, dans une lettre à Albert Pictet datée du 17 octobre, que Lucas de Montigny avait été « complètement perdu de vue depuis de très nombreuses années. » Mais c’est précisément cet apparent désintérêt qui, selon lui, conférait à la statuette tout son intérêt : « Les pièces de Lucas de Montigny sont extrêmement rares. » Et d’évoquer, en deux lignes, les « raisons esthétiques et documentaires » qui motivaient, à ses yeux, l’acquisition de cet objet singulier.

Le temps semble avoir donné raison à cette intuition du premier conservateur des Délices. Le musée du Louvre et la Réunion des musées nationaux, le Royal Academy of Arts et le Solomon R. Guggenheim Museum de New-York organisent en effet une exposition intitulée L’aristocrate, le bourgeois et le citoyen, Le Portrait peint sculpté de 1770 à 1830 qui sera proposée à Paris, dans les Galeries nationales du Grand Palais, du 2 octobre 2006 au 9 janvier 2007, puis à Londres, à la Royal Academy of Arts, du 3 février au 20 avril 2007, et enfin à New York, au Guggenheim Museum, du 18 mai au 10 septembre 2007.

Or deux œuvres de Lucas de Montigny seront présentées lors de cette exposition : notre Voltaire debout, et lisant côtoiera le portrait de Jean-Jacques Rousseau, actuellement propriété des collections des musées royaux d’art et d’histoire de Belgique, et visible à Bruxelles.

Rappelons que Jean-Nicolas-Robert Lucas de Montigny (1747-1810), après avoir été formé à Rouen, où il est né, fut l’élève de Pigalle à l’Ecole des beaux-arts. S’il faut attendre le Salon de 1791 pour voir quelques-unes de ses œuvres exposées, parmi lesquelles notre Voltaire debout, Lucas de Montigny n’en est pas moins un témoin important de la mutation qui s’opère à cette époque dans les mœurs et la vie sociale, et dont le portrait sculpté rend clairement compte.

Le Voltaire debout, et lisant confirme la propension de Lucas de Montigny à préférer le costume contemporain à la draperie « à l’antique » (on songe naturellement au Voltaire assis de Houdon, qui date de la même époque). Le sculpteur suit ainsi les recommandations données à Pajou dans L’Année littéraire en 1777, après la présentation de sa statue en pied de Buffon : « Il me semble que…dans une statue faite pour passer à la postérité, dès qu’on observe une ressemblance, il faut y joindre le costume et les accessoires qui puissent indiquer l’état, le rang, la qualité du personnage qu’on représente, ainsi que la partie du siècle où il a vécu ; d’après cela rien n’était plus naturel que de représenter Voltaire et Buffon tels que des gens de lettres sont ordinairement vêtus dans leurs cabinets. »

S’agissant des « accessoires », Voltaire, outre le livre qu’il tient de la main gauche, dispose à ses pieds de plusieurs volumes dont un, ouvert, présente les titres de quatre tragédies : Zaïre, Alzire, Mérope et Brutus. Quelques attributs allégoriques viennent compléter la scène : on distingue une lyre, un masque, une sphère, un glaive et, naturellement, la couronne de lauriers, désormais inséparable, dans l’imaginaire collectif, de la séance du « couronnement » de Voltaire le 30 mars 1778, à la Comédie-Française.

Il n’est d’ailleurs pas étonnant que Lucas de Montigny ait privilégié l’homme de théâtre : outre que cette dimension de l’œuvre du résidant de Ferney l’emporte encore, avant la Révolution, sur l’aspect plus politique de l’engagement voltairien, on sait que le sculpteur a travaillé à la représentation des interprètes les plus prestigieux : on lui doit ainsi un portrait de la Saint-Huberty dans le rôle de Didon, exécuté après 1784, et un autre de l’acteur Préville dans le rôle de Figaro.

Avis donc aux visiteurs des Délices : il convient de se dépêcher d’admirer, au Grand Salon, la statuette de Lucas de Montigny : elle nous quitte bientôt pour Paris, Londres et la lointaine Amérique.


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© IMV Genève | 06.04.2005