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[Jean-Marc NATTIER], « Portrait de Mme du Châtelet
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Jean-Marc Nattier (1685-1766) n’a pas toujours eu bonne
presse. C’est ainsi que Pierre Nolhac écrit, en introduction
de l’essai qu’il lui consacre en 1925, qu’ «
il ne faut pas [le] juger sur les œuvres médiocres
qui portent son nom dans beaucoup de musées et dans quelques
collections particulières. » Nattier est pourtant
un enfant de la balle puisque son père, Jean (1642-1705),
était un peintre relativement célèbre et
que sa mère, Marie Courtois (1655-1703) était elle-même
miniaturiste.
Il laisse en fait passer sa
chance à deux reprises : d’abord lorsque le duc d’Antin
lui propose d’aller occuper, en qualité de pensionnaire
du Roi, une place vacante à l’Académie de
France à Rome, et qu’il refuse. La fille de Jean-Marc
Nattier, dans ses Mémoires, est très explicite
à ce sujet : « Plusieurs ouvrages commencés,
et pour lesquels on le pressait beaucoup, lui firent refuser cette
faveur, ce qui, par la suite, lui causa les regrets les plus vifs,
n’ayant jamais pu se pardonner d’avoir manqué
une occasion si favorable. »
La deuxième occasion
manquée est celle de l’invitation à lui adressée
par Pierre le Grand, qui souhaitait vivement le compter parmi
les artistes chargés d’embellir Saint-Pétersbourg.
Non seulement ce voyage aurait pu lui assurer une sécurité
matérielle qu’il a en vain recherchée toute
sa vie, mais elle lui aurait sans doute permis de ne pas limiter
son talent aux seuls portraits.
Car Nattier est, avant tout,
un portraitiste. Il excelle à faire de ses modèles
(essentiellement féminins) autant de nymphes ou de déesses.
Parmi ses œuvres principales, citons le Portrait en Diane
de Mme Adélaïde de France (1742), celui de Marie
Leczinska, reine de France (1748) ou celui de la marquise de Pompadour
(1748). On trouve dans l’œuvre de Nattier, outre l’huile
sur toile du Grand Salon des Délices, un autre portrait
de Mme du Châtelet, portant un col de fourrure avec, à
sa gauche, une sphère et, à sa droite et en fond
de toile, une bibliothèque.
Le portrait des Délices,
dont l’attribution à Nattier, sans être absolument
certaine, reste fort probable, est chargé d’une émotion
particulière en ce qu’il est censé représenter
Mme du Châtelet quelques jours avant sa mort, à Lunéville,
en 1749, des suites de son dernier accouchement.
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