La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
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Gazette des D�lices

 

Nous avions annoncé dans notre précédente livraison la parution du premier volume des Œuvres poétiques d’André Chénier, préparées depuis trente ans par Georges Buisson et Edouard Guitton. La mise de ce volume au programme de l’agrégation française des lettres a suscité, comme on s’en doute, de nombreuses publications. C’est Jean-Noël Pascal, président de la société Roucher-Chénier, qui a ouvert le feu en proposant un volume intitulé Lectures d’André Chénier aux Presses Universitaires de Rennes. Treize articles de personnalités reconnues dans le monde de la poésie du XVIIIe siècle examinent les coins et recoins de L’Art d’aimer et des Elégies : l’une d’entre elles se risque même dans les Imitations et préludes poétiques. Catriona Seth et Agnès Steuckhardt proposent ensuite, chez Atlande, un petit volume sobrement nommé André Chénier et dont le propos est clairement destiné à un public estudiantin. Catriona Seth (bis) s’est également intéressée à la réception d’André Chénier au XIXe siècle, dans un volume des Presses universitaires de Paris Sorbonne. Citons enfin, avant d’en venir à l’essentiel, le(s) Physionomie(s) d’André Chénier proposées par Edouard Guitton dans la collection Références, chez Paradigme.

L’essentiel, c’est le volume de Jean Goulemot et de Jean-Jacques Tatin-Gourier : André Chénier, Poésie et politique, paru dans la collection « Voies de l’histoire », aux éditions Minerve. L’idée centrale de cet ouvrage est qu’il convient de lire l’œuvre d’André Chénier en fonction des aléas de sa publication et de la construction du « mythe » qui s’est élaboré dès 1819, date de la publication du volume des Poésies de Chénier par Henri de Latouche. Souci louable en effet, et qui permet de tracer, fût-ce à grands traits, la figure de Marie-Joseph, le frère évincé par la critique. Le livre en lui-même est souvent suggestif, mais alterne les très bons passages (chapitres III et VI) avec d’autres moins bons (ainsi l’analyse même des poésies de Chénier, difficilement supportable). Des documents importants, et qui auraient permis d’éclairer la problématique, ont été omis. Mais il fallait faire vite, agrégation oblige.

Renaud Bret-Vitoz nous offre dans la collection « Textes rares » aux Presses Universitaires de Rennes, une excellente édition du Guillaume Tell de Lemierre. Une introduction de plus de soixante pages, à la fois claire et parfaitement documentée, donne les bases d’une lecture qu’achève d’éclairer un appareil critique efficace. Quelques annexes et une bibliographie nourrie complètent ce volume tout à fait exemplaire. Les visiteurs des Délices ont pu dialoguer avec Renaud Bret-Vitoz le 11 décembre dernier, lors du colloque « Voltaire-Lessing » organisé par Hervé Loichemol et la compagnie FOR.

Nous ne reviendrons pas sur la lecture de Mahomet qui avait précédé ce colloque, et dont il est déjà question dans les Actualités : mais il faut dire un mot sur la mise en scène du Nathan le Sage de Lessing proposée par Hervé Loichemol au théâtre de Carouge.
La distribution, tout d’abord, n’a pas laissé d’impressionner les spectateurs par sa très grande cohérence. Pierre Byland campe un Nathan au retrait toujours très sensible (est-il dans l’événement ? participe-t-il au jeu des reconnaissances ?) tandis que Julia Batinova donne à son personnage (Recha) une profondeur presque inquiétante : on imagine, dans ces conditions, la tension du dialogue père-fille, perceptible dès le départ, et savamment graduée jusqu’au coup de théâtre final. Michel Kullmann et Anne Durand (Saladin et Sittah) distillent avec beaucoup de générosité l’humour d’un texte appelé à ces interstices de lumière, au sein d’un propos à la problématique très dense. Saluons Hélène Firla (Daja), Michel Cassagne (le frère convers), et Agoumi (le derviche), tous éminemment convaincants. Mention spéciale enfin pour le templier (Benjamin Kraatz), dont un spectateur faisait remarquer qu’il avait les inflexions du regretté Richard Fontana. Comment ne pas être d’accord ? Il y a quelque chose de profondément racinien chez ce templier-là : à quand le rôle de Néron ?

La mise en scène elle-même s’appuyait sur une conception particulière de l’espace scénique, fruit du travail de Jean-Claude Maret (décors) et de Christophe Pitoiset (lumières). Les pans coulissent, faisant alterner une lumière froide (cour de la maison de Nathan) et des tons orangés (palais de Saladin). S’instaure un incessant jeu de va-et-vient, de recherches, de rencontres, bref toute une mise en perspective qui donne au texte de Lessing un séduisant relief. Gageons que nous n’en resterons pas là, et que de nouvelles explorations de l’univers théâtral du XVIIIe siècle sont à prévoir à Carouge. Ou ailleurs…



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© IMV Genève | 05.01.2006