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La carpière des Délices de Voltaire…
sous la chaussée de la rue des Délices !
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Par Isabelle Bovay, Miltos Thomaïdes


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Superposition du relevé du géomètre sur le plan cadastral de 1788.

Des fouilles intervenues ce printemps sur la rue des Délices, à l’occasion du passage de nouvelles canalisations des Services Industriels de la Ville de Genève, ont mis à jour un segment du mur d’enceinte du bassin en demi-lune de la carpière de l’ancienne campagne des Délices.

Construite en 1725, lors de la campagne de travaux entamée par Jean-Jacques Mallet-Gallatin qui va transformer ce modeste fonds agricole cédé par son père Gédéon Mallet en « Jardin d’Épicure », cette carpière a fait l'objet d’un litige avec le voisinage, ce qui nous permet de connaître avec précision la date de sa construction.

Le plan de la ville de Genève de 1735,  attribué à Jean-Gabriel Mallet et Jean-Michel Billon rend compte de ces aménagements. Cet élément qui complète de nombreux jardins genevois subsistera aux Délices jusqu’à la toute fin du XIXe siècle.

Utilitaire dans la plupart des propriétés du XVIIIe siècle,  la carpière aux Délices comme par ailleurs au Creux-de Genthod  fait partie intégrante de la composition même des jardins. Elle entre ici dans la composition de l’axe mineur nord-est-sud-ouest,  et est située en contrebas d’un premier palier planté d’une salle d’arbres.

Son dessin en demi-lune s’apparente au vocabulaire formel utilisé par Jean-François Blondel, architecte, et auteur à Genève des jardins du Creux-de-Genthod, de l’hôtel Mallet à la cour Saint-Pierre, notamment. Elle reste toutefois une forme peu commune dans les jardins genevois qui sont créés ou remodelés à cette époque. Voltaire la reprendra pour le bassin de la carpière dans les jardins du château de Ferney.

Dans l’Économie générale de la campagne ou nouvelle maison rustique,  véritable best-seller du XVIIIe siècle que l'on retrouve dans la bibliothèque du Château de Crans, Louis Liger reprend avec force détails la description des carpières, leur emplacement, construction, entretien, empoissonnement.
Au début du XVIIIe siècle les écrits de Louis Liger et La théorie et la pratique du Jardinage d’Antoine-Joseph Dézallier d’Argenville font figure de référence et sont plusieurs fois réédités. 

Dézallier d’Argenville distingue quant à lui quatre sortes de bassins : les bassins en terre glaise, en ciment, en plomb, en terre franche (bassin creusé dans la masse de glaise sans aucun mur : des fouilles effectuées au Creux-de-Genthod en 2004, sur la tête du canal ont mis à  jour ce type de construction). La carpière des Délices s’apparente à la première méthode de construction exposée.

Le relevé établi par l’archéologue nous montre, sous la chaussée, le fragment d’un mur en segment de cercle axé sur la façade. Il est construit en boulets avec mortier de chaux blanc, très dur, d’une hauteur de 0.95 cm.
Le radier est composé de boulets, sur un lit de sable oxydé d’une épaisseur de 10-12 cm. L’enduit du mur forme un arrondi soigné à sa jointure avec le radier. Le terrain naturel est composé d’argile grise très homogène.

Grâce à l’observation vigilante d’un habitant du quartier, ce vestige important du jardin du XVIIIe siècle a pu être documenté. Les données recueillies viennent enrichir notre connaissance sur l’économie rurale et l’art des jardins du XVIIIe siècle à Genève.

 

Quelques compléments bibliographiques

Sur l’histoire de la maison de maître, on se référera à Chrisine Amsler, Maisons de campagne genevoise du XVIIIe,  Domus Antiqua Helvetica, tome I.

Sur l’évolution de la campagne et des jardins, voir Étude de la campagne des Délices, une campagne du XVIIIe siècle en milieu urbain, otb architectes, Ville de Genève, Conservation du Patrimoine architectural.

 


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© IMV Genève | 03.10.2007