La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
   
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Une question de patrimoine...
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Gazette des Délices

 


Nous offrons aujourd’hui à nos lecteurs, en guise de « clin d’œil », cette structure de tubes bleus et de formes étranges. Elle émane du travail de recherche d’un jeune étudiant en architecture, James White, lequel a présenté son projet lors d’une exposition en septembre dernier à l’Université d’Edinburgh. On se demande bien, à première vue, quel rapport peut exister entre cette construction esthétiquement très réussie mais très abstraite, et le devenir d’une maison aussi vénérable que les Délices. La réponse tient en une phrase qui constitue précisément le cœur du travail de James White : qu’est-ce que la conservation patrimoniale ? Que faut-il privilégier lors de la restauration d’un site prestigieux ou historiquement marqué ? Qu’en est-il des implications de ces choix sur le travail de notre mémoire collective ?

Celles et ceux qui voudraient d’abord en savoir plus sur la manière dont le jeune chercheur américain a posé cet épineux problème de la conservation patrimoniale peuvent le faire en se rendant sur son site personnel, où figure notamment un intéressant portfolio, ou en l’écoutant développer sa théorie dans un film actuellement visible sur la toile et composé de deux parties : la première, d’une durée de dix minutes, expose les principes théoriques qui mèneront à la construction du projet architectural baptisé e2045 (pour « Edinburgh en 2045 ») ; la seconde s’intéresse aux indispensables prérequis d’une telle opération.

James White prend comme base de réflexion le bateau de Thésée, bateau constamment réparé au cours de sa navigation et dont les sophistes d’Athènes se demandaient -et la question vaut surtout, à son stade terminal, au moment de la rentrée au port- s’il s’agit toujours du même bateau. On sait que cette métaphore avait déjà motivé, voici une quinzaine d’années, le travail de Stéphane Ferret précisément intitulé Le Bateau de Thésée : le problème de l’identité à travers le temps (Minuit, 1996) et qu’elle agite plus particulièrement, depuis quelque temps, les cerveaux échauffés de certains responsables de l’UNESCO.

Le film de James White nous montre, plans, photos, croquis et réflexion à l’appui, les désastres possibles d’une « misconception » de ce qu’est, ou doit être, le patrimoine historique. L’exemple du site d’Abou Simbel, en Égypte, est à cet égard éclairant : peut-on considérer que les temples construits par le pharaon Ramsès II sur les collines sacrées de Méha et d’Ibshek, vouées à disparaître pour cause d’inondation volontaire, ont gardé leur authenticité, une fois déplacés sur une colline artificielle, au bord du lac nouvellement créé ?

Suit une série de propos théoriques qui conduisent, de manière tout à fait probante, à cette idée d’une réfraction continuelle de notre mémoire collective. James White s’attarde d’ailleurs quelque temps –si l’on peut dire- sur ce propos de Rem Koolhas, célèbre architecte néerlandais : « L’intervalle entre l’objet et le moment de sa préservation s’est réduit d’à peu près 2000 ans en 1882 à quelques décennies aujourd’hui. Bientôt, cet intervalle sera réduit à néant. Dans un renversement radical qui nous fera passer de la rétrospective à la prospective, nous devrons bientôt définir ce que nous voulons sauver avant même de le construire. »

Oui mais… les Délices ? Patience, ami lecteur : il fallait aujourd’hui poser quelques bases théoriques. Rendez-vous donc dans le numéro 24 de la Gazette pour, photos à l’appui, réfléchir à ce qui s’est joué et se joue encore, aujourd’hui, sur le plan patrimonial, aux Délices.


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© IMV Genève | 13.09.2009