La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
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Gazette des Délices

  Retranscription scientifique des lettres de l’article de Christophe PAILLARD paru dans notre rubrique « À propos de »

Dans les numéros 25 et 26 de la Gazette, nous avons choisi de distinguer les versions modernisées des lettres présentées par Christophe Paillard qui, parce qu’elles doivent être immédiatement accessibles à tout lecteur,sont restées incorporées à l’article proprement dit, des retranscriptions scientifiques qui intéressent les seuls spécialistes.

↑ indique le début d’une addition supralinéaire.
+ marque la fin d’une addition supralinéaire.
< début d’une suppression.
> fin d’une suppression.
/ marque d’une séparation linéaire.

***

Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet à [Jean-Baptiste Rousseau], Paris, 26 mars [1730]                       

Paris, 26 mars
Je suis très persuadé, Monsieur, que / vous ne vous souciez nullement des riens / ci-inclus. Mais puisque vous n’en payerez / pas le port, je ne laisse pas de vous les / envoyer : ne fut-ce que pour vous demander / en même temps un exemplaire de votre / Cid. Je vis dernièrement M. de St. Rambert, / il me donna l’adresse de M. Violland pour / vous écrire. j’espère m’en servir une autre / fois pour quelque chose qui le mérite mieux. / vous voyez qu’en ce pays-ci la persévérance / est d’un grand prix. M. le Cardinal de / Rohan assista en personne à l’élection, / et il étoit venu quoad hoc. Il paroit une / brochure d’environ 40 pages de M. de / la Motte contre M. de Voltaire. Vous / [p. 2] jugerez peut-être en la lisant, que ni / l’un ni l’autre n’ont voulu se battre à / fer émoulu. Un de mes amis m’a / donné parole de faire avec moi le voyage / de Hollande cet été. Je ne vous dirai / pas que vous étes un de mes principaux / objets. Je me réserve à vous en assurer / sur les lieux, si la partie que nous faisons / mon ami et moi, n’est point traversée. / Ce qu’il y a de certain, c’est que j’ai / l’envie du monde la plus sincére d’aller / passer trois ou quatre jours avec vous, et / que la Hollande n’aura que la moindre / part dans mon agenda. Je vous / embrasse au nom de M. Boutet, avec / qui je vais souper. /
                Olivet
A Paris, ce 26 mars

***

Abbé Augustin Nadal à  [Jean-Baptiste Rousseau], Paris, 17 août 1733

A Paris ce 17 août 1733
Il falloit de ma part, Monsieur, une maladie assés / sérieuse, du moins par sa longueur, pour mempescher / d’avoir lhonneur de vous écrire plutost, et de savoir / de vos nouvelles par vous même : le retour de vôtre / amitié me les rend d’autant plus cheres, que je vous / connois trop de courage dans l’esprit, pour douter un / instant seul de la sincerité de vos sentimens. Je vous / supplie aussi d’etre bien persuadé, qu’il ne se fait point / ailleurs d’un ami tel que vous, une mention plus vive / ni plus tendre qu’entre monsieur de Launai et moi. / Il y a long tems qu’il vous entretient du goût predominant / qui s’est élevé ici au depens de ce qu’il y a de plus sensé / et de plus respectable. On y a arresté l’édition d’un / second tome de la plus insigne de toutes les folies et / qui a semblé deshonorer jusqu'a ses lecteurs. Cette [p.2] nouveauté (de Voltaire) <qui> n’a point encore paru / dans le public, non plus qu’une lettre en vers de / ce méme autheur adressée à madame la marquise / du chatelet. il affecte, dit on, de parler contre la / medisance qui selon lui s’attache surtout aux / Autheurs, aux Grands, et aux Belles : c’est dans ce / troisieme article qu’il pretend que la Vierge n’a / point échapé au vaudeville et méme aux / Lampons. Il est aisé de reconnaitre a cette citation  / l’auteur de l’Epitre a Uranie. Ce n’est pas la / douce persuasion ↑ comme on la dit de quelques uns,+ c’est le blaspheme qui habite sur ses / lèvres : je m’assure qu’il a souri a ce pretendu bon / mot et s’est pique méme d’en étre le createur. / Il est vrai que ce n’est pas sans fondement qu’on l’accuse le plus souvent de n’estre qu’un Plagiaire ; mais du moins <du moins> parmi tous ses larcins [p.3] doit on faire une exception de ses traits sacrileges. / il vient de donner son Opera d’osiris, pour etre / mis en musique, et ce Mythologien moderne / a imaginé de lui élever un Temple dans le ciel / méme ; on dit aussi qu’il a pris date a la comedie / pour la lecture de son Adelaide de Vendome. / prendre date au reste monsieur est un usage établi / nouvellement sur la scene et une façon de parler / dont la Trouppe a enrichi l’Academie depuis que / toutes deux se sont mutuellement admises a leurs / représentations. Voltaire compte par la de placer / sa piece dans le meilleur tems, quand meme / il seroit prévenu par d’autres <[mots rayés illisibles]> ↑dans+ une lecture ou / une reception. Ce n’est pas encore tout, il nous / menace d’une innondation de ses ouvrages en tout / genre, histoires, lettres, dissertations, essays / philosophiques. Si cela est je ne puis regarder ses / idées diverses que comme autant de travers de [p.3] sa part encore plus marqués et des preuves / plus sensibles de sa chûte prochaine, quoique / a dire le vray bien des personnes prevenûes / sur les égaremens dont ses partisans sont capables / soutiennent qu’il en a encore pour longtems a / imposer par ses prestiges et le faux de son merveilleux / et qu’il est a l’égard de la decadence du goût / dans ce pays cy, ce que l’Antecrist est a la destruction du / monde. ↑mais+ heureusement pour les lettres le goût opposé / se retranche fierement dans vos ouvrages d’où il / tient encore en respect une infinité d’honestes gens. / Je suis avec la fidélité des sentiments que je vous / dois monsieur, vôtre très humble et très obeissant serviteur.
[signature] L’abbé Nadal
[adresse] A l’Accademie Royalle, près St. Roch, Rue St. honoré

***

14. janvier. 1740.

Monsieur

J’ai satisfait a mon devoir en me rendant chez vous / au commencement de cette année pour vous assurer / de mes tres humbles respects, et vous renouveller / Monsieur, les temoignages de la réconnoissance / que vos bontés m’ont inspirées ; dans la crainte / que l’on ne vous en eut point rendu compte, <j’ai> /  je me suis presenté depuis 3. fois a vôtre porte / pour avoir l’honneur de vous faire ma cour, j’ai / été malheureux, et c’est pour me consoler que je / prend la liberté de vous écrire. Je travaille / a la seconde édition de mon livre, que je ferai / ou il plaira a Dieu. Je me pare de vos [p.2] corrections, et je voudrois bien meriter que / vous en fissiés de nouvelles, je les attendrois / si longtemps qu’on voudroit, et rien ne me / serait si pretieux. j’aime mon ouvrage en / honnête homme ; je travaillerois volontiers jour / et nuit pour qu’il fut utile et digne du / public ; [les cris de la canaille litteraire attachée / a l’abbé Desfontaines ne me degoutent point / de ce fils qu’ils lui donnent, quoi que sur / mon honneur il ne l’ait jamais vû qu’avec / tout le public ; mais il est naturellement / méchant et menteur ledit abbé, et a cet [p.3] égard il m’a joüé des tours affreux]. Je vous / suplie, Monsieur, de vouloir bien me continüer l’honneur / de vôtre protection, et me croire / avec un profond respect,
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
[Signé] D’auvigny
A Paris ce 14 janvier 1740.

***

Richard de Bury à [Charles Pinot Duclos ?], [Paris], 29 septembre 1768. [p.1]

Monsieur
Quoique je n’aye pas l’honneur d’etre connu de / vous je prends la liberté de vous prier / de m’accorder un quart d’heure d’entretien. Je suis / l’auteur de la vie d’Henry IV. Jay appris que M. / de Voltaire en avoit fait une critique assés violente, / & quil y a meme parlé de vous en termes peu / respectueux. Il faut qu’il se soit echappé dans / cet ouvrage & que la Police l’ait fait arreter, car / depuis deux mois, je n’en ai pu recouvrer un / [p.2] exemplaire ; cependant l’ouvrage a eté lu avant / hier au caffé de la comedie francoise. ayant resolu / d’y repondre, je ne voudrois rien faire sans votre aveu. /  comme vous avés plus de credit que moy, oserois-je / vous prier, Monsieur, de vous en faire procurer / un exemplaire, & de me faire savoir quel jour & a / quelle heure je pourrois avoir lhonneur de me / rendre chez vous pour savoir vos intentions & si / vous me croiriés capable de prendre votre / deffense.
Jay l’honneur detre avec le plus profond / respect, /
Monsieur/
Votre tres humble et tres / obeissant serviteur /
De Bury
rue Gilles Cœur vis avis / celle de l’hirondelle /
Paris ce 29 septembre 1768

 


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