Pour une meilleure mise en perspective du patrimoine voltairiste

L'Institut et Musée Voltaire a connu, depuis sa fondation, en 1954, trois périodes distinctes :  de 1954 à 1970, sous la direction de Theodore Besterman, il est le pôle fédérateur des Oeuvres complètes de Voltaire et des deux éditions successives de la Correspondance du patriarche ; de 1970 à 2002, grâce notamment à Charles Wirz, il se concentre sur sa bibliothèque, laquelle devient une référence absolue en termes de ressources documentaires ; de 2002 à aujourd'hui, il affermit, par l'entremise de François Jacob et Flávio Borda d'Água, une implantation locale susceptible d'aider, au moment opportun, à la réalisation d'un projet scientifique ambitieux.
Or ce moment est venu. Le projet d'une Correspondance posthume de Voltaire vient combler une triple lacune : lacune archivistique tout d'abord, en ce que n'existe encore nul répertoire sérieux des lettres relatives à Voltaire et rédigées après sa mort ; lacune scientifique ensuite, les éditions faites par Besterman de la Correspondance de Voltaire se révélant, sur le plan du commentaire, particulièrement indigentes et nécessitant d'incessantes retouches ; lacune éditoriale enfin, la Voltaire Foundation ne cherchant, pour ce qui est du domaine postérieur au 30 mai 1778, qu'à nourrir sa base électronique certes utile, mais, pour d'évidentes raisons économiques, difficilement accessible au plus grand nombre.
Il est donc question d'une édition chronologique de la Correspondance posthume, un système de cotation spécifique permettant, à l'infini, d'insérer des lettres ou des documents découverts entre-temps. On imagine aisément les grands « chapitres » abordés par un tel projet : transfert de la bibliothèque de Voltaire à Saint-Pétersbourg, devenir du domaine de Ferney, translation du corps de Voltaire, d'abord à Scellières puis au Panthéon, constitution de l'édition de Kehl, premiers travaux de réception. Le propos sera essentiellement, du moins dans les premiers temps, bibliographique et politique.

Une équipe soudée
L'équipe réunie aux Délices pour ce projet l'a été selon deux critères : la connaissance scientifique de Voltaire bien sûr et/ou des travaux déjà réalisés dans le domaine de l'édition de textes et plus particulièrement de correspondances d'écrivains des Lumières, et une implantation géographique limitée, pour des raisons de cohérence territoriale, au bassin lémanique et à la région Rhône-Alpes. Une deuxième étape permettra de définir un réseau de collaborateurs aptes à s'intégrer à un projet qui, souhaitons-le, ouvrira à la connaissance de Voltaire de nouvelles perspectives.
Elle est constituée de :

Gauthier AMBRUS, doctorant de l’université Paris IV Sorbonne, auteur de nombreux travaux sur la fin du dix-huitième siècle.
Flavio BORDA D’ÁGUA, doctorant de l’université de Genève, adjoint scientifique à l’Institut et Musée Voltaire.
Fabrice BRANDLI, historien et post-doc de l’université de Genève, spécialiste des relations diplomatiques au dix-huitième siècle.
Françoise DUBOSSON, historienne, membre du comité de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Genève.
Olivier FERRET, maître de conférences à l’université de Lyon II.
Olivier GUICHARD, responsable du service culturel de la mairie de Ferney-Voltaire, auteur de Ferney, archives ouvertes (MDV 2, 2010).
François JACOB, directeur de l’Institut et Musée Voltaire, co-responsable de la publication du Théâtre complet de Voltaire aux éditions Classiques Garnier.
Christophe PAILLARD, auteur de Jean-Louis Wagnière, secrétaire de Voltaire : lettres et documents (SVEC 2008/12) et de nombreuses contributions voltairistes.
Catherine VOLPILHAC-AUGER, professeur à l’École Normale Supérieure de Lyon.

Les discussions sont en cours avec un important éditeur. Nos lecteurs pourront du reste, dans cette rubrique, assister à l’émergence de cette nouvelle édition et aux étapes de son développement, jusqu’à la publication de deux premiers volumes prévue, espérons-le, pour l’été 2011.
Rendez-vous donc en janvier prochain !

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