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La Querelle des Bouffons : bientôt au Grand Théâtre de Genève

 

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C’est après le 1er août 1752, date de la première représentation à Paris de La Serva Padrona de Pergolèse par la troupe ambulante des Bouffons, qu’éclate ce qu’on nommera très vite la « Querelle des Bouffons ». Ce sont les Confessions de Jean-Jacques Rousseau qui traduisent le mieux l’atmosphère survoltée de l’époque : 

Les Bouffons firent à la musique italienne des sectateurs très ardents. Tout Paris se divisa en deux partis plus échauffés que s’il se fût agi d’une affaire d’État ou de religion. L’un plus puissant, plus nombreux, composé des Grands, des riches et des femmes, soutenait la musique française ; l’autre, plus vif, plus fier, plus enthousiaste, était composé des vrais connaisseurs, des gens à talent, des hommes de génie. Son petit peloton se rassemblait à l’opéra sous la loge de la Reine. L’autre parti remplissait tout le reste du parterre et de la salle ; mais son foyer principal était sous la loge du Roi. Voilà d’où vinrent ces noms de parti célèbres dans ce temps-là de Coin du Roi et de Coin de la Reine.(1)

Il s’agit bien, de fait, d’une affaire d’État et de religion. Derrière l’apparente futilité du sujet (que doit-on préférer, de la musique française ou de la musique italienne ?) se révèle en effet un enjeu plus proprement politique. La période, ne l’oublions pas, est celle de la parution de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et, plus généralement, de l’émergence d’une pensée qui cherche à se libérer du double carcan de la révélation et de sa traduction politique en France, à savoir l’absolutisme royal.

Les Bouffons quittent Paris après avoir interprété I Viaggatori du 12 février au 7 mars 1754. On a entre-temps repris et assuré, à l'Académie royale de musique, le triomphe de deux opéras français, Titon et l'Aurore, de Mondonville, et Castor et Pollux. La Querelle, qu'on se rassure, ne s'achève pas pour autant en cette année 1754 : bien des éléments en sont repris dès 1774, dans la Querelle des Gluckistes et des Piccinnistes alimentée, des années durant, par l'opposition du journaliste Suard et de Jean-François de la Harpe. Bien plus, l'argument « national » qu'on oppose à Rousseau en 1753 ressurgit près de deux cents ans plus tard dans une série d'attaques menées, contre Jean-Jacques, par les amis de Charles Maurras.


C’est dire qu’il est très heureux de voir l’année du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau débuter par la programmation, au Grand Théâtre de Genève, des deux intermèdes de La Serva padrona de Pergolèse et du Devin du village de Rousseau. La mise en scène d’Ivo Guerra et la direction orchestrale assurée par Jean-Marie Curti nous assurent un très bon moment : les réservations sont encore possibles pour les soirées du 27 et du 31 janvier ainsi que pour la matinée du 29 à http://www.geneveopera.com/home


(1) Jean-Jacques Rousseau, Confessions, livre VIII, dans Œuvres complètes, éd. cit., 1959, t. I, p. 384.



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© IMV Genève | 23.01.2012