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- Vous connaissez René Pommier ?
-
René qui ?
-
René Pommier.
- Ma foi…Je connais René Barjavel, René Crevel, René…
-
Stop ! Vous n’avez donc pas lu Assez décodé ?
-
Euh…
- Eh bien, puisqu’il suffit aujourd’hui d’un clic pour voyager, cliquez donc sur le site de René Pommier, et vous m’en direz des nouvelles.
-
Mais de quoi s’agit-il, au juste ?
-
De littérature, bien sûr !
-
Est-ce si évident ?
- Disons alors, de critique littéraire… Non pas cette
critique absconse qu’on reproche parfois aux universitaires, lesquels pondent des livres comme d’autres pondent des œufs, mais une critique qui cherche, ce qui est sa raison d’être, à rendre compte des textes.
-
Vous y allez un peu fort…
- Vous trouvez ? Que direz-vous alors de René Pommier s’exprimant, par exemple, sur l’usage immodéré, par certains critiques, d’un jargon technique ? Je vous cite un bref passage : sa démarche, nous dit René Pommier, est celle « d’un polémiste et d’un rationaliste, infatigable pourfendeur de fariboles ». Nous ne sommes pas sur terre, poursuit-il, « pour écrire des sottises ». Quant à son parcours, il le brosse en quelques mots : « Spécialiste de la littérature française du XVII° siècle, que j'ai enseignée pendant vingt-deux ans à l'université de Paris-Sorbonne, j'ai ensuite surtout employé mon ardeur polémique à combattre le structuralisme et les élucubrations des "nouveaux critiques", en particulier celles de Roland Barthes (j'ai consacré ma thèse de doctorat d'Etat à essayer d'analyser l'infinie ineptie du Sur Racine). Pour combattre efficacement le « décodage », ma méthode a toujours été de m'appuyer quasi exclusivement sur une lecture aussi précise, aussi minutieuse que possible des textes, car tous ceux qui prétendent découvrir dans les grandes œuvres littéraires, fût-ce après plusieurs siècles, ce que personne, à commencer par l'auteur, n'avait su voir avant eux, se révèlent, en réalité, incapables de voir ce qui s'y trouve vraiment. »
- Mais tout cela n’est-il pas un peu dépassé ? Roland Barthes, de nos jours…
-
…ne se lit plus ? Je suis bien d’accord avec vous : on l’oublie de plus en plus. Pommier n’avait-il pas raison ? Qui se soucie de même, aujourd’hui, des productions consternantes de Pierre Barbéris ? Qui ose ouvrir le terrible Sémèiotikè de Julia Kristeva ?
-
Je vois ce que vous allez me dire. Lire Kristeva…
- …est un supplice à nul autre pareil. Lire Pommier, en revanche…
-…est un délice dont on aurait tort de se priver.
-
Précisément.
- Et votre Pommier, bien que dix-septièmiste, a lu Voltaire ?
-
Bien sûr ! Voyez sa lecture de Candide écrit, je vous le rappelle, en notre chère maison…
-
Et… mais je n’ose vous demander…
-
Osez donc.
-
A t-il lu Rousseau ? Après tout, c’est l’année du tricentenaire…
-
Lisez donc «Rousseau, précurseur de la nouvelle critique» : un petit chef d’œuvre !
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Eh bien, j’y cours !
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Et vous faites bien.
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