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Par Flávio Borda d'Água et François Jacob

Alors que l’année 2012 est grandement consacrée à fêter Jean-Jacques Rousseau, il n’est cependant pas le seul à avoir un grand anniversaire dans cette année bissextile. Les communautés littéraire et historique fêtent également la naissance de Charles Dickens (1812-1870), de Frédéric le Grand (1712-1786), le naufrage du Titanic (1912) et la création de la collection de poche des Éditions Gallimard : Folio, en 1972.
Depuis le premier titre de la collection, La condition humaine d’André Malraux, plus de 5'000 titres ont été publiés, parmi lesquels de nombreux textes du XVIIIe siècle. Les éditions Gallimard ont ainsi décidé de publier tout au long de l’année 2012 neuf éditions limitées à collectionner parmi lesquelles une édition de Candide ou l’Optimisme de Voltaire illustrée par Quentin Blake.
C’est un très beau volume à double couverture satinée mauve et des illustrations collant à merveille au texte indémodable de François-Marie Arouet. L’illustrateur, Quentin Blake, est une des figures les plus emblématiques de l’illustration dans le monde. Il collabore avec Roald Dahl pendant de nombreuses années et se distingue également par un grand nombre d’illustrations de classiques de la littérature. Un nouveau Candide de Voltaire et Blake à ne pas manquer.

…et le collège Rousseau fait la fête… avec Jean-Jacques !



C’est du 6 au 11 mai derniers que les élèves du collège Rousseau (ateliers théâtre et chœur) ont interprété L’Engagement téméraire, pièce inspirée du répertoire marivaldien et que Rousseau a écrite en 1747. Marie-Christine Épiney, enseignante au collège Rousseau, a su avec bonheur mettre en scène une histoire qui aurait pu, osons le dire, ennuyer quelque peu des spectateurs contemporains. Rousseau pensait d’ailleurs lui-même que cette pièce était l’une de ses plus mauvaises productions. Il écrit ainsi, au moment d’en publier le texte : « Rien n’est plus plat que cette pièce. Cependant j’ai gardé quelque attachement pour elle, à cause de la gaieté du troisième acte, et de la facilité avec laquelle elle fut faite en trois jours, grâce à la tranquillité et au contentement d’esprit où je vivais alors, sans connaître l’art d’écrire, et sans aucune prétention. Si je fais moi-même l’édition générale, j’espère avoir assez de raison pour en retrancher ce barbouillage… »
Rappelons d’abord l’intrigue. Dorante convoite la main d’une jeune veuve, Isabelle. Il a un ami, Valère, dont le spectateur le moins attentif s’aperçoit rapidement qu’il est destiné à Éliante, la propre cousine d’Isabelle. Divers quiproquos, paris et jeux d’esprit brouilleront les pistes –brouillage d’autant plus réel que se mêlent au jeu Lisette, la suivante d’Isabelle et Carlin, le valet de Dorante. Tout rentre naturellement dans l’ordre et les trois couples attendus se retrouvent à la fin de la pièce.
Deux éléments (au moins) sont venus assurer le succès des quatre représentations du collège Rousseau. Chaque personnage était tout d’abord joué par plusieurs élèves liés par un ruban ou un cordon de couleur : cette apparente facétie, outre qu’elle permettait à un personnage de connaître plusieurs déclinaisons, faisait véritablement sens, s’agissant de Rousseau : tout lecteur de Jean-Jacques ne pouvait en effet qu’avoir en tête l’étonnante duplication qui fut toujours la sienne, depuis les aller-retour du narrateur des Confessions jusqu’à la mise en place de la structure ternaire des Dialogues avec ces trois personnages que sont le Français, Jean-Jacques et Rousseau.
Deuxième élément : la musique. Le prologue d’Alceste de Gluck et la fameuse scène des « Non ! » de son Orphée, magistralement interprétés par l’orchestre placé sous la baguette d’Antoinette Hermann, ont côtoyé des airs de Philidor, une création de Jean Mermoud (Alleluia)  et le Gloria de Rutter. Or ce va-et-vient entre jeu scénique et musique était encore une fois très pertinent dans le cas de Rousseau : Gluck, on s’en souvient, est précisément le seul compositeur qui soit parvenu à séduire Jean-Jacques, bien qu’il écrivît de la musique « française », pourtant honnie, quelques années auparavant, par l’auteur de la terrible Lettre sur la musique française.
Est-il besoin de dire que la diction des élèves comédiens était généralement remarquable et témoignait d’une profonde intelligence du texte en même temps que d’une grande attention à cette langue particulière du dix-huitième siècle ? Bravo donc à toute la troupe du collège Rousseau qui a fait honneur, par cette production, à toute l’année du tricentenaire.



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© IMV Genève | 22.05.2012