La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
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Par Christophe Paillard

 

    
       

 

     
 

 

Le concept de « note ostensible » et le problème de l'auto-annotation voltairienne


Christophe Paillard à Saint-Pétersbourg

Si la rédaction de notes marginales est une des pratiques d'écriture les plus originales de Voltaire, elle est à coup sûr la moins étudiée. Et pour cause ! La recherche voltairienne manque de recul sur ce genre atypique. Suite à l'acquisition de la bibliothèque de Ferney par Catherine II en 1778, à son installation à l'Ermitage du Palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg en 1779, et à son établissement dans l'actuelle Bibliothèque Nationale de Russie (BNR) en 1861, les deux mille et quelques livres annotés par Voltaire sont restés, sauf de rares exceptions, hors d'atteinte des chercheurs pendant près de deux siècles : « quel moyen de les consulter ! Tous les gens de lettres et même tous les Français, doivent gémir de ce qu'un dépôt si précieux se trouve aujourd'hui confiné sur le lac Ladoga, au 60e degré de latitude, au lieu d'être à Paris », se lamentait, au début du XIXe siècle, Jacques Joseph Marie Decroix, rédacteur de la première édition posthume des Œuvres complètes de Voltaire1. Si le projet consistant à éditer l'intégralité des marginalia conservés à Saint-Pétersbourg a été conçu depuis longtemps2, ce n'est qu'en 1979 que le premier volume du Corpus des notes marginales (CNM) a vu le jour. Suite à la faillite de l'éditeur est-allemand, l'entreprise fut interrompue en 1994 pendant près de dix ans ; elle ne reprit qu'après son intégration dans les Œuvres complètes de Voltaire (OCV) en cours de publication à Oxford3. Tous les marginalia ne sont donc pas encore connus ; l'avant-dernier volume vient tout juste de paraître4 et l'on attend avec impatience le dernier volume. La recherche tente d'ores et déjà d'identifier les ouvrages marginés conservés ailleurs qu'à Saint-Pétersbourg5, qui devraient offrir un utile complément au CNM6. Même inachevée, la prise en compte de ces notes marginales a considérablement amélioré l'édition du corpus de Voltaire : les chercheurs sont désormais en mesure d'identifier avec certitude les lectures qui ont inspiré son œuvre d'écriture.

1/ Notes ostensibles et auto-annotation voltairiennes

Le projet du CNM devrait cependant être complété tant il semble à certains égards inachevé. Ses initiateurs ont pris le parti d'exclure du champ de leur édition les notes manuscrites de Voltaire sur ses propres ouvrages pour n'éditer que celles portées sur les livres de tout autre auteur qu'il a lu plume en main. En 2007, nous avions proposé une terminologie permettant d'établir une typologie des annotations. Par marginalia, nous entendons toute annotation marginale de Voltaire sur un imprimé ou sur un manuscrit, ces annotations pouvant d'ailleurs être infra-linéaires, supra-linéaires ou inscrites dans le corps du texte par des ratures ou des surcharges. Les notes marginales sont quant à elles prises au sens du CNM : elles désignent toute note de Voltaire sur les ouvrages d'un autre auteur que lui-même. Au prix d'un néologisme, nous proposons d'entendre par auto-note les notes de Voltaire sur ses propres ouvrages imprimés, l'auto-annotation désignant cette même pratique dont le fruit est un livre auto-annoté7. La Gazette des Délices a pris au sérieux cette question en éditant à l'hiver 2010 des notes dictées par Voltaire à son secrétaire Jean-Louis Wagnière sur des exemplaires des Questions sur l'Encyclopédie qu'il adressa à l'impératrice Catherine II 8.

Les postulats implicitement adoptés par la recherche quant à la nature et à la destination des marginalia rendent compte de la décision d'exclure l'auto-annotation du périmètre du CNM. En s'inspirant d'un célèbre article de Jeroom Vercruysse, on a parfois été enclin à considérer les notes marginales comme la voie royale d'accès au « vrai Voltaire »9. Elles représenteraient une forme d'écriture purement privée : Voltaire écrirait pour lui seul dans le secret de son cabinet, sans se soucier d'un éventuel lecteur. L'identité du destinateur et du destinataire de ces notes en garantirait la parfaite sincérité, l'auteur se trouvant délivré des impératifs de la mise en scène et de l'orchestration de soi, de l'accommodation à son public, ou des égards dus aux collègues, à la décence et aux autorités. Non seulement les notes marginales livrent de précieux renseignements sur les sources de documentation de Voltaire, mais elles révéleraient ses véritables jugements sur ses lectures, différant parfois de ses appréciations publiques ou des éloges décernés aux auteurs.

A contrario, les auto-notes relèveraient toujours d'une écriture publique ou, à tout le moins, de la préparation de textes destinés à être publicisés. Selon les artisans du CNM, « on a renoncé à la publication des notes de Voltaire sur ses propres œuvres, parce qu’au fond elles étaient non pas de véritables signes de lecture, mais les traces du travail de l’auteur en train de revoir et de corriger ses propres textes »10. Le destinateur des auto-notes s'adresserait à un destinataire principal, le lecteur, par la médiation d'un destinataire premier, le libraire devant publier ces additions et corrections. Mûrement réfléchies, dénuées de spontanéité, et par conséquent de sincérité, ces notes ne présenteraient guère d'intérêt dans la mesure où elles ne consigneraient jamais que des addenda et corrigenda enregistrées dans les éditions successives des Œuvres de Voltaire.

Ces postulats furent établis avant que la recherche ait acquis une connaissance suffisante des marginalia voltairiens. Sont-ils fondés ou relèvent-ils de préjugés ? À tout le moins, force est de constater, derrière Christiane Mervaud, que « les postulats concernant les notes marginales méritent réflexion tout comme le crédit qu’on leur accorde quasi instinctivement »11. Lors d'un colloque organisé en 2002, la Société des Études Voltairiennes a remarquablement renouvelé, sinon révolutionné, l'interprétation des notes marginales de Voltaire en établissant qu'il n'en était pas le destinataire exclusif, ni même, en certains cas, le destinataire principal12. Non seulement les visiteurs de Ferney se réjouissaient d'être introduits dans la bibliothèque du château de Ferney pour prendre connaissance de ces notes13, voire pour supplier le maître des lieux de les gratifier d'un ouvrage marginé14, mais Voltaire faisait lui-même circuler des exemplaires annotés de sa main pour publiciser dans les salons et cercles philosophiques ses jugements, critiques ou appréciations de tel ou tel livre15.

C'est ce dernier phénomène, celui d'un ouvrage marginé par Voltaire (que ce soit sous la forme de notes marginales ou d'auto-notes) afin d'être lu par d'autres que lui-même, que nous proposons de désigner du syntagme d'annotation ostensible. Ce concept est construit sur la base de celui de lettre ostensible, c'est-à-dire d'une correspondance apparemment adressée à une personne particulière mais en réalité conçue pour être diffusée auprès d'un plus large public. Le destinataire apparent d'une telle lettre n'est donc pas son destinataire réel. De la même manière, Voltaire ne serait que le destinataire apparent de ses notes ostensibles, le destinataire réel étant les personnes auxquelles il communiquait ses ouvrages marginés. Le fait que son annotation soit parfois ostensible nous interdit de « traiter les notes marginales comme un texte purement privé qui nous laisserait entrer dans la pensée intime de leur auteur »16. La conclusion du colloque de la Société des Études Voltairiennes fut sans appel. Comme le remarquait le regretté José-Michel Moureaux, la « conviction » de la « sincérité spontanée des marginalia¸ réputés être toujours le type même d'une écriture sans apprêt ni masque, un moyen privilégié et sûr d'accéder enfin au ʻʻvrai Voltaireʼʼ » semble « fondée sur un postulat d’une rigidité contestable » qui nous réduit « à une lecture par trop ʻ‘naïveʼ’ » du CNM17.

Si les postulats concernant les notes marginales sont en partie erronés, ne convient-il pas de questionner la validité de ceux relatifs aux auto-notes ? Dans l'article susmentionné, nous nous sommes efforcé d'établir la complexité de l'auto-annotation qui ne saurait être réduite à un pur et simple travail de révision. Si une part substantielle desdites notes répond bien à cette finalité, il faut tenir compte des additions et corrections qui n'ont jamais intégré le corpus, soit parce que Voltaire a fini par les écarter, soit parce qu'il les a oubliées en raison du désordre de sa « très dérangée bibliothèque18 », soit encore parce qu'il lui était difficile d'admettre publiquement les erreurs des éditions précédentes de ses œuvres pointées par ses contradicteurs. Dans les faits, libraire et lecteur ne sont donc pas nécessairement les destinataires des auto-notes de correction ou d'addition. Mais comme les notes marginales, l'auto-note peut également être une annotation ostensible, la voie manuscrite permettant à l'auteur d'apporter à l'imprimé une précision qu'il lui était impossible d'imprimer en tant que telle mais qu'il souhaitait néanmoins communiquer à ses lecteurs privilégiés, que ce soit pour les informer ou pour les désinformer. En nous appuyant sur un exemplaire des Œuvres conservé à l'Institut et Musée Voltaire (IMV)19, nous avons montré que deux des neuf auto-notes qui y figurent répondent à ce cas de figure :

1/ La plume de Voltaire précise l'identité de l'auteur de l'Avant-propos de La Henriade, présenté dans l'imprimé comme« un des plus augustes et des plus respectables protecteurs que les lettres aient eu dans ce siècle » : « Ce morceau est du Roi de Prusse ». La décence imposait à Voltaire de préserver l'anonymat de Frédéric II, qui ne souhaitait pas voir son nom apparaître, outre qu'il était difficile à l'auteur de placer ce poème dédié au fondateur de la dynastie des Bourbons sous le patronage d'un monarque réputé hostile à la France.

2/ Sous le titre d'une pièce sulfureuse, Le Préservatif, Voltaire a de même inséré une note manuscrite : « cet ouvrage n’est point de moi ; il [est] de mr. De la Mare ». Voltaire adorait Le Préservatif, pamphlet d'une rare violence tourné contre son ennemi juré de plume avant Fréron, l'abbé Desfontaines. Il souhaitait voir le Préservatif réédité dans les éditions successives de ses Œuvres, mais il ne souhaitait pas pour autant en assumer la paternité en raison de sa nature virulente, sinon ordurière. Aussi a-t-il pris le soin d'adresser à ses libraires au moins deux lettres ostensibles afin de le renier : ce livre serait l'œuvre d'un de ses anciens employés, l'abbé de La Marre20. La publication de ce démenti (ou, plus exactement, la publication d'un tel démenti dans le corps même du texte renié) lui était interdite, devant logiquement conduire au retrait du Préservatif du corpus, ce que Voltaire ne souhaitait aucunement. L'auto-note s'apparente aux lettres ostensibles adressées aux libraires, l'insertion d'une note manuscrite modifiant le statut - et, en l'occurrence, l'attribution - d'un texte imprimé.

L'exemplaire des Œuvres conservé aux Délices comporte ainsi deux auto-notes ostensibles, la première véridique et la seconde mensongère, toutes deux ayant vocation à changer le texte imprimé conformément aux intentions de Voltaire mais d'une façon qu'il lui était impossible d'imprimer. La plume vole ici au secours du plomb : le manuscrit supplée les carences de l'imprimé en donnant au lecteur privilégié, le lecteur d'un livre marginé par l'auteur, la chance de lire un texte complétant l'imprimé sans pouvoir être mis sous presse. L'auto-annotation ne se réduit pas au procès de révision ; elle peut également relever d'un jeu littéraire.

2/ Entre farce et tragédie : Saül, pièce antichrétienne

Nous souhaiterions ici poursuivre et approfondir cette intuition en prenant l'exemple de trois exemplaires de Saül marginés par Voltaire, dont le premier fait partie d'une collection privée et dont les deux autres sont conservés à la BNR. Composée en 1762 et publiée en 1763, cette tragédie est la pièce la plus antireligieuse du répertoire voltairien. Suivant assez fidèlement le récit des deux livres des Rois et des Paralipomènes copieusement cités en note, elle dépeint David, gendre de Saül et futur roi d'Israël, comme un personnage sans scrupule, âpre au gain, fourbe et cruel, adultère et libidineux, perpétrant des assassinats pour parvenir à ses fins. Samuel n'est pas plus épargné : il est présenté comme un véritable boucher, fanatique disciple de l'Infâme. Saül y apparaît quant à lui comme un personnage dont la perversité est tempérée par la stupidité.

Cette pièce est éminemment atypique. Quoique présentée comme une « tragédie » dans l'édition originale, elle enfreint tous les canons français de la tragédie classique, à commencer par la versification et par la règle des trois unités. Chacun des cinq actes se situe en un lieu différent, « tout se passe dans l'intervalle de deux ou trois générations21 », et les actions des personnages sont par conséquent très diverses. Voltaire ne respecte pas plus les autres canons tragiques : dans l'acte I, scène 3, Agag est découpé « morceau par morceau » par Samuel et par les prêtres sur le devant de la scène, avant que « ses chairs » soient données en pâture aux serviteurs pour qu'ils en fassent bonne chère… Non seulement les règles de bienséance ne sont pas respectées, mais Voltaire enfreint la convenance en recourant par endroits à un vocabulaire grossier, peu séant dans la bouche d'un roi22. Au reste, cette pièce ne relève pas du genre tragique : elle comporte maints aspects burlesques et tient à certains égards de la farce. Aussi sera-t-elle parfois éditée du vivant de Voltaire en tant qu'« hyperdrame » (sic) dans une édition de l'Évangile de la raison. Inquiets de ses hardiesses, les rédacteurs de l'édition de Kehl la qualifieront génériquement de « drame » et l'éditeront séparément du Théâtre dans un volume de Facéties.

Cette œuvre circulait sous forme manuscrite en 1762 ; elle parut en 1763, sous le faux millésime de 1755 et le titre Saül, Tragédie. Tirée de l'Écriture sainte. Par M.23 de V……. Selon ses éditeurs contemporains, Marie-Hélène Cotoni et Henri Lagrange, cette « bouffonnerie bizarre » n'était « pas destinée à la scène24 » et elle n'a jamais été représentée. Indépendamment de la nature burlesque et bigarrée de cette pièce, Voltaire ne pouvait assumer publiquement la paternité d'un brûlot présentant l'histoire des saints de l'Ancien Testament comme celle d'infâmes assassins. « C'étaient, je vous jure, deux grands polissons que ce Saül et David, et il faut avouer que leur histoire et celle des voleurs de grands chemins se ressemblent parfaitement », écrit-il à d'Argental le 14 août 1763 (D11364). Voltaire n'a eu de cesse de démentir la paternité de Saül auprès des autorités genevoises ou parisiennes. Le scandale fut immense à Genève. Aussi Voltaire supplia-t-il François Tronchin d'étouffer l'affaire : « Je vous avoue qu'il serait fort triste pour moi que mon nom fût compromis à mon âge ; si vous et vos amis pouvez faire en sorte que cette sottise soit étouffée, je vous en aurai, aussi bien que Maman25, une véritable obligation » (19 juillet 1764, D11997). Il fit de même paraître dans les Petites affiches parisiennes du 14 août 1763 un démenti catégorique.

Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que les auto-notes présentes sur les trois exemplaires et ici étudiées ont en commun de modifier le statut auctorial de Saül en l'attribuant à un autre auteur que Voltaire…

3/ Un exemplaire de Saül en mains privées : Vernet brocardé

Le premier exemplaire est le moins copieusement annoté. Voltaire s'est contenté d'y porter une auto-note sur la seule page de garde. Là où l'imprimé a pour titre Saül, Tragédie. Tirée de l'Ecriture sainte. Par Mr. de V......., la plume de l'auteur ajoute « traduite de l'anglais » sous « Tirée de l'Écriture sainte » et surcharge les sept points de suspension pour ajouter « ernet, ministre du St. evangile ». Il modifie ainsi le titre comme suit : Saül, Tragédie. Tirée de l'Écriture sainte. Traduite de l'anglais par Mr. de Vernet ministre du S[ain]t-Évangile ». Est-il besoin de rappeler que Jacob Vernet, pasteur et professeur de théologie à Genève, était devenu la bête noire de Voltaire26 ? Dans les années 1760, la guerre entre les deux hommes battait son plein. Vernet avait été le premier Genevois à inviter Voltaire à s’implanter dans le bassin lémanique comme celui-ci le reconnaît dans une lettre de 1757 et comme il le réaffirmera en 1776 dans le Commentaire historique sur les œuvres de l’auteur de La Henriade27. Lorsque Voltaire arriva à Genève le 12 décembre 1754, Vernet fut également le premier à lui rendre visite28. Ces rapports amicaux ne pouvaient durer. Nommé en 1756 à la chaire de théologie de l’Académie de Genève, le pasteur devint ‘le porte-parole du calvinisme genevois’29: il lui incombait dès lors de défendre l’orthodoxie religieuse contre le déisme voltairien. Inutile d'entrer ici dans les détails de leur différend qui ne cessa de s'aggraver. Qu'il suffise de dire que Vernet était devenu le principal adversaire lémanique de Voltaire, l'équivalent genevois (toutes proportions gardées) d'un Desfontaines ou d'un Fréron. Sorti de presse au début de 2013, le volume 60C des OCV édite plusieurs pièces attestant de l'extrême violence de leurs relations.

C'est dans ce contexte qu'il convient d'interpréter l'auto-note du premier exemplaire de référence. Voltaire attribue à son pire ennemi régional la plus inavouable de toutes ses œuvres. Prétendre que cette tragédie anti-biblique avait été réalisée par le garant de l'orthodoxie calviniste était sans doute pour lui une manière d'incriminer celui qu'il ne nommait plus que « Tartuffe » et qui était à ses yeux l'incarnation même de l'hypocrisie30, ne serait-ce que parce qu'il prétendait le chasser de Genève après l'y avoir invité. Il est à noter que cet exemplaire de Saül ne comporte aucune auto-note de correction : Voltaire ne transforme pas la lettre « o » en « a » dans la diphtongue « oi » prononcée « ai ». À lui seul, cet exemplaire suffit donc à établir que l'auto-annotation ne saurait être assimilée au procès de révision des Œuvres. Ajoutons que le fait que cet exemplaire incrimine Vernet et qu'il était conservé dans la bibliothèque des Tronchin (comme nous allons l'établir) laisse suggérer qu'il était destiné au public de la région lémanique : Voltaire entendait se disculper auprès de ses interlocuteurs genevois de tout reproche d'impiété en démentant la paternité de Saül.

D'une manière très pittoresque, cet exemplaire fut contre-annoté au XIXe siècle par Henry Tronchin, ultime héritier de cette grande famille genevoise aujourd'hui éteinte, qui sut en éditer avec brio les papiers. Sous l'auto-note de Voltaire, Henry Tronchin s'inscrit en faux contre la version du Patriarche pour disculper Vernet de toute responsabilité dans la rédaction ou dans la parution de Saül :

« Je désire que les mal intentionnés sachent quelle est mon indignation contre cette infamie dont j'ai moi-même donné avis. [Voir] Voltaire à François Tronchin 28 juillet 1766 [et] Le Conseiller François Tronchin et ses amis p. 177. Est-il besoin de dire que l'auteur de Saül était Voltaire31 »

Il n'était pas inutile de le préciser…

4/ Le premier exemplaire pétersburgien : protocole de lecture et didascalies

Le deuxième exemplaire marginé est relativement bien connu de la recherche voltairienne depuis que le fac-similé de la page de titre en a été donné en 1961 par le catalogue imprimé de la Bibliothèque de Voltaire32. Là encore, l'auto-annotation procède à une attribution fallacieuse du livre ; elle expose en outre une notice de présentation du livre, décrivant l'histoire prétendue de cette tragédie ; elle procède enfin à de nombreuses corrections.

Sur le recto de la page de titre, Voltaire raye la mention « Par M. de V……. » pour la remplacer par la mention « traduite de l'anglais », transformant le titre comme suit : « Saül, Tragédie. Tirée de l'Ecriture sainte traduite de l'anglais ». Sous le millésime, Voltaire ajoute la mention suivante :

avertissement
un prédicateur a londres ayant comparé le Roy / george second a david dans une de ses déclamations / mr hute gentilhome anglais indigné d’une / comparaison si déplacée fit imprimer / son livre intitulé the man after Gods / own heart chez robert freeman in pater / noster Row 1760[.] Mr hute en digne anglais / a le courage de condamner dans David ce quil / jugerait digne des plus grands chatiments / dans tout autre homme. il croit que ce serait / insulter le genre humain et la divinité / [page suivante] de noser dire quun juif est scelerat / quand il est un scelerat. la conduitte / perfide et feroce de David, ses cruautez / et ses debauches sont mises dans tout / leur jour. les faits sont si palpables et l’ecriture est si fidelement citée / qu’aucune pretre n’a osé entreprendre / de le refuter. cest d’apres ce livre / qu’on fit la tragédie dont nous donnons / la traduction tout ce qui est tiré du / livre des rois est cité avec exactitude33.

Ces auto-notes ont été éditées en tant que variantes par l'édition critique de Saül dans les Œuvres complètes de Voltaire34. Le recto de la page de titre complète cet « avertissement » par une note qui, curieusement, n'a pas été retenue dans les variantes de l'édition critique mais dans une note de l'introduction :

on manque trop de respect dans / cette piece a ce qu’on doit respecter35.

On ne saurait assez marquer l'originalité de cette auto-note qui procure au lecteur un véritable protocole de lecture : non seulement la main de Voltaire attribue fallacieusement son propre ouvrage à un auteur anglais et en décrit les circonstances prétendues de composition, mais il va jusqu'à le dénigrer et à en dénoncer l'impiété ! Flagrant est le parallèle de cette auto-note ostensible avec les lettres ostensibles par lesquelles Voltaire démentait la paternité de Saül, du Préservatif, de Candide et autres pièces sulfureuses. Le « Hutte » dont il est ici question désigne un personnage réel, sujet britannique répondant au nom de David Hewett36 qui rendit visite à Voltaire aux Délices en décembre 175837 pour lui présenter un florilège des erreurs religieuses et bibliques, « an epitome on religion […] a honey I have abstracted from the essence of all flowers » (D7961). Voltaire fut charmé par l'esprit de ce personnage. Outre Saül, il lui attribua la paternité de L' A. B. C. en 176838. Il crut voir en lui l'auteur de The History of the man after God’s own heart39, ouvrage aujourd’hui attribué à Peter Annet, à Archibald Campbell ou à John Noorthouck, qui fut traduit en français en 1768 par d’Holbach40. Voltaire finira par faire passer dans son corpus l'idée que Saül est édité « d'après l'anglais », voire traduit « de l'anglais », leçon reprise par l'édition de Kehl41.

D'autres auto-notes sont également dignes d'intérêt. Voltaire modifie la didascalie du massacre d'Agag par Samuel (acte I, scène 3). Il raye l'indication scénique figurant dans l'imprimé (« Ils [Samuel et les prêtres] frappent tous ensemble ») pour la remplacer par la mention suivante : « les pretres emmenent agag derriere le theatre. ils frappent tous ensemble. on entend les coups, et les cris d’agag » (p. 12 : nous respectons l'orthographe). Huit lignes plus bas, la didascalie énonciatrice (« Samuel, aux prêtres ») devient une didascalie énonciatrice et kinésique (« Samuel, revenant, aux prêtres »), pour tenir compte de la modification précédente : force est à Samuel de revenir sur le devant de la scène. Ces modifications scéniques visent à transformer une scénographie dans le goût anglais en pièce conforme aux règles françaises. On sait que celles-ci permettaient de représenter un suicide sur la scène mais non un homicide, comme Voltaire s'en est souvent étonné.

Les autres notes sont, pour l'essentiel, des notes de correction, rectifiant les nombreuses coquilles de l'imprimé. Voltaire corrige fréquemment, mais non pas systématiquement, les archaïques désinences de l'imparfait en « oi » (« avois », « tuois », « pardonnois », « amenois », « disois », « étoient », « trouvois », « faisois », « écrasois », « faisois », etc.). On peut cependant douter que ces corrections étaient destinées à un libraire étant donné que l'exemplaire n'a jamais quitté la bibliothèque de Ferney. Ne doit-on pas plutôt considérer qu'elles étaient destinées à Voltaire lui-même, qui ne pouvait supporter qu'une de ses œuvres fût aussi mal imprimée ou, à tout le moins, qu'elle ne respectât point l'orthographe qu'il avait imposée à ses éditeurs à compter de son implantation dans le bassin lémanique ? On croit d'ailleurs déceler une contradiction entre la volonté de démentir la paternité du livre et le souci d'en rectifier l'orthographe : à quoi bon corriger un livre qui n'est pas le sien ? On peut formuler la même remarque en ce qui concerne les didascalies : pourquoi modifier les indications scéniques d'une pièce dont on conteste être l'auteur ? Il est à noter qu'une de ces corrections autographes, hélas non retenue par les éditeurs, réalise une véritable amélioration textuelle. Dans la dernière scène du dernier acte, David présente Semei comme son « conseil privé », la main de Voltaire corrigeant cette expression comme suit : « conseiller privé ».

5/ Le second exemplaire pétersburgien : indication d'une représentation de Saül

Le troisième exemplaire marginé de Saül semble être resté inconnu de la recherche42. Il n'a pas été exploité par l'édition critique de cette pièce dans les OCV. Comme le précédent, il attribue Saül à Hewett et procède à de nombreuses corrections, mais il apporte des précisions complémentaires en affirmant, en guise de didascalie, que cette tragédie aurait été représentée à la cour d'un prince.

Dans le titre de l'ouvrage, Voltaire raye de deux traits le « de……. » et surcharge le « V » de « M de V……. », il ajoute le nom de « hutte » et la mention « fidèlement traduite en français » pour transformer le titre comme suit : « Saül, Tragédie. Tirée de l'Ecriture sainte. Par M. de Hutte. Fidèlement traduite en français ».

Un papillon collé sur la page 4 précise que : cette piece est tirée toutte / entiere quant aux faits, / du premier, du second / livre des rois et des / paralipomenes / toutes les citations sont / exactement43 au bas des pages.

Dans la scène du massacre d'Agag par Samuel (Acte I, scène 3), Voltaire ajoute en page 10 un appel de note (c) après la didascalie « Les prêtres lient Agag sur la table » et, en bas de page une note :

(c) lorsqu’on joua cette piece / chez un grand prince, on / executa la boucherie de samuel44 / derriere le theatre
Dans la même scène, Voltaire ajoute en page 12 un appel de note (*) après la didascalie « Ils frappent tous ensemble » et, en bas de page, une note :

* On emportait alors agag et on / frappait derriere la scene.

Faut-il prendre au sérieux cette affirmation ? Nous sommes confrontés ici à deux possibilités. La première est que l'indication d'une représentation de Saül serait purement fictive, visant à justifier les modifications scéniques pour les adapter aux canons français de la tragédie classique. La seconde possibilité est que cette pièce aurait vraiment été représentée. À n'en pas douter, ce « grand prince » ne saurait être que Frédéric II : quel autre monarque européen aurait-il pu tolérer la représentation d'une pièce aussi violemment antireligieuse ? Cette hypothèse est loin d'être exclue : la pièce « fut jouée, semble-t-il, à la Cour de Berlin, à la demande du roi Frédéric II45 ». Nous n'avons cependant aucune preuve de ce fait.

Comme dans l'exemplaire précédent, Voltaire procède à de nombreuses corrections des désinences de l'imparfait. Il procède également à d'intéressants remaniements textuels. À la fin de l'acte II, scène 3, David s'exclame : « chaque chose a son temps, je vais combattre ; priez Dieu pour moi ». La main de Voltaire raye les quatre derniers mots pour leur substituer la phrase suivante : « Samuel m'a promis que Dieu serait pour moi, car je suis oint ».

Au début de la scène suivante, Voltaire ajoute une réplique faisant suite à la précédente. Sous la didascalie nominative « MICHOL, ABIGAIL », il porte l'addition suivante :
MICHOL

Mais mon père est oint aussi.

Voltaire modifie peu après la réplique de Michol (« Quoi ! ce matin même ! l'impudent : et comment se nomme-t-elle ?») comme suit : « Quoi ! ce matin même ! l'impudent ! Voilà comment les oints sont faits ; et comment se nomme-t-elle ?».

Dans l'acte II, scène 8, Voltaire ajoute de même une phrase à une réplique. La leçon de l'imprimé est la suivante :

LA PYTHONNISSE [sic]
(…) et premièrement, je commande au Soleil de paraître.
BAZA
En plein midi ! Quel miracle !
LA PYTHONNISSE
Je vois quelque chose sur la terre.

La main de Voltaire corrige le texte comme suit :
LA PYTHONNISSE
(…) et premièrement, je commande au Soleil de paraître.
BAZA
En plein midi ! Quel miracle !
LA PYTHONNISSE
Ils ne se font pas autrement. Je vois quelque chose sur la terre.

Le même acte s'achève sur une réplique de la Pythonisse : « Au moins j'ai son argent ; mais voilà un sot capitaine ». Voltaire ajoute après ce mot une note : « Aussi les médecins, les prophètes, et surtout les catins[,] nous vivons aux dépens de leur crédulité ».

Dans l'acte III, scène 1, une réplique d'Abiezer (« vieil officiel de Saül ») s'achève sur les mots suivants : « Melchisédech était autrefois roi de ce village ». La main de Voltaire ajoute la phrase : « et il n'avait ni père ni mère ».
Aucune de ces corrections, additions ou modifications textuelles n'est passée dans le corpus faute pour les éditeurs d'avoir pris connaissance de cet exemplaire marginé de Saül.

Conclusion

La leçon des trois exemplaires marginés est éclairante. Elle confirme un fait décisif : contrairement aux postulats adoptés par les initiateurs du CNM, l'auto-annotation voltairienne ne saurait être assimilée purement et simplement au procès de révision (le premier exemplaire ne comprend aucune correction) et elle ne s'adresse donc pas exclusivement aux libraires. On peut même se demander si les corrections manuscrites figurant dans les deuxième et troisième exemplaires étaient destinées à l'impression : Voltaire a conservé ces livres dans sa bibliothèque sans jamais, semble-t-il, les adresser aux libraires. Ne doit-on pas plutôt penser que ces corrigenda étaient destinées à ses lecteurs privilégiés, ceux qui, entrant dans le saint des saints du château de Ferney, se réjouissaient de consulter un ouvrage marginé de la main du maître des lieux ? Plus fondamentalement, ces exemples nous indiquent que l'auto-annotation de Voltaire revêt fréquemment un caractère ostensible. L'attribution de Saül à Vernet ne devait-elle pas disculper Voltaire auprès de ses lecteurs lémaniques de la paternité de cet ouvrage autant que jeter une pierre dans le jardin de son principal adversaire genevois ? L'attribution à Huet/Hewett lui permettait de même d'élaborer une attribution fallacieuse de Saül qui, après maintes tergiversations, finira par passer dans son corpus imprimé sans l'ensemble des précisions consignées dans les ouvrages auto-annotés. À coup sûr, la modification des didascalies de la boucherie de Samuel mériterait d'être signalée dans l'édition critique de cette pièce, ne serait-ce qu'au titre de variantes : elles témoignent des hésitations de Voltaire quant au statut et à la scénographie de ce drame. Et que dire de ce qui semble être la seule mention par l'auteur d'une représentation de cette pièce ? Aurait-elle vraiment été jouée à Sans-Souci en présence de Frédéric II ?

En ce sens, la prise en considération des auto-notes semble aussi importante que celle de ses notes marginales pour l'édition des œuvres de Voltaire. Si les notes marginales témoignent de ses sources et lectures, ses auto-notes révèlent ses interrogations sur ses propres écrits, ses additions, ses corrections, ses revirements, ses reniements ou ses audaces : elles signalent ce qui, dans son propre corpus, lui semblait devoir être corrigé, retranché ou amplifié. Ayant vocation à être lues par ses proches et présentant par conséquent un caractère ostensible, les auto-notes modifient en l'occurrence le statut auctorial d'une pièce (son attribution), le statut scénographique (didascalies plus conforme aux canons français), la manière de la lire (protocole de lecture), et elles proposent force addenda. Aussi se prend-on à espérer que, par-delà l'édition des notes marginales conservées en dehors de la « Bibliothèque Voltaire » de la Bibliothèque Nationale de Russie, la voltairie en viendra un jour à éditer l'intégralité de ces auto-notes.


1 Cette lamentation ne concerne pas les seuls marginalia mais l'ensemble des papiers de Voltaire conservés à Saint-Pétersbourg : voir Christiane Mervaud et Christophe Paillard, « Le supplice de Tantale. Decroix et l’inventaire des ouvrages marginés de Voltaire à Saint-Pétersbourg », Studies on Voltaire and the eighteenth century, SVEC 2006:06, Oxford, Voltaire Foundation, 2006, p. 405-433 (ici, p. 433).

2 Voir Natalia Elaguina, « Corpus des notes marginales de Voltaire : le projet et sa réalisation », Revue Voltaire, 3, 2003, p. 19-35 ; Vladimir A. Somov, « Deux artisans du Corpus des notes marginales : Alexandra et Vladimir Lublinsky », Revue Voltaire, 2, 2003, p. 27-35 ; N. A. Kopanev et L. B. Volftsoun, « Aux origines du Corpus des notes marginales de Voltaire », Revue Voltaire, 8, 2008, p. 267-277.

3 Corpus des notes marginales de Voltaire, Berlin, Akademie Verlag, t. 1-5, 1979-1994, puis Oxford, Voltaire Foundation, t. 1-(10), 2006- (8 volumes parus à ce jour sur les 10 prévus).

4 Corpus des notes marginales de Voltaire, t. 8, Oxford, Voltaire Foundation, novembre 2012.

5 Voir Jeroom Vercruysse, « Marginalia sur des exemplaires de Voltaire extérieurs à Saint-Pétersbourg », Revue Voltaire, 6, 2006, p. 358-361.

6 Le CNM comptera un ultime volume intitulé : « Marginalia outside St Petersburg » (volume 10). Ce titre provisoire est peut-être mal choisi : il s'agira en fait d'éditer les marginalia voltairiens extérieurs à la « Bibliothèque Voltaire » de la BNR, étant entendu qu'il se trouve au sein de la BNR et à Saint-Pétersbourg ou dans ses environs des ouvrages marginés par Voltaire qui ne sont pas intégrés aux actuels volumes du CNM.

7 C. Paillard, « De la plume de Voltaire aux presses des Cramer. Le problème de l’auto-annotation », Revue Voltaire, 7, 2007, p. 341-355.

8 S. Korolev et C. Paillard, «Notes marginales de la main de Wagnière sur un exemplaire des Questions sur l’Encyclopédie de Voltaire conservé à la Bibliothèque nationale de Russie », La Gazette des Délices, 28, hiver 2010 : http://www.ville-ge.ch/bge/imv/gazette/28/voltaire.html

9 Jeroom Vercruysse, « Accès au vrai Voltaire », Tijdsshrift voor Geschiedenis,  1970, 83, p. 206-2011.

10 Natalia Elaguina, « Corpus des notes marginales de Voltaire », Revue Voltaire, 3 (2003), p. 19-26 (ici, p. 24). Cf. CNM, t. 1, p. 28, n. 4 : les « ouvrages de Voltaire avec ses corrections ne sont pas inclus dans le Corpus ». Aussi l'appel de la Revue Voltaire exclut-il du champ de la recension des livres marginés « les ouvrages de Voltaire qui comportent des notes marginales de sa main » : Jeroom Vercruysse, « Marginalia sur des exemplaires de Voltaire extérieurs à Saint-Pétersbourg », Revue Voltaire, 6, 2006, p. 359, n. 1

11 C. Mervaud, « Du bon usage des marginalia », Revue Voltaire, 3, 2003, p. 101-127 (ici, p. 109).

12 Voir les différentes contributions réunies dans la Revue Voltaire, 3, 2003.

13 Un certain J. de Vrintz, visiteur à Ferney, confie dans les années 1770 que Voltaire le « conduisit dans sa bibliothèque ; j’y vis tout l’enfilage des pères de l’Église, chargés de notes et de commentaires » (Cité par F. Bessire, « Un après-midi chez Voltaire : récit inédit d’une visite à Ferney », Cahiers Voltaire 1, Ferney-Voltaire, 2002, p. 109-113 - ici, p. 113). Cf. Paul Claude Moultou à J. H. Meister, 8 décembre 1774, D19217 : « J'ai visité et compté sa bibliothèque : elle est de 6210 volumes. Il y en a beaucoup de médiocres, surtout en fait d'histoire. Il n'y a pas 30 volumes de romans : mais presque tous ces livres sont précieux par les notes dont M. de Voltaire les a chargés ». Lors de sa visite du 25 août 1775, Frédéric de Stolberg fut conduit « dans sa bibliothèque, qui est très nombreuse ; presque dans chaque livre il y a plusieurs sinets, il les connaît tous » (Paul Ristelhuber, Un touriste allemand à Ferney en 1775, p. 10-11).

14 Tel fut le cas de la princesse Potocka : « L’après-dîner la princesse qui se proposait de revenir avec moi à Lausanne choisit un volume dans la bibliothèque de Voltaire et le demanda à Voltaire. Il était chargé de notes de sa main. Voltaire l’offrit en lui disant, ‘‘Princesse choisissez ici ce qui peut vous plaire, je vous le donne’’ ». Elle choisit « un volume chargé de notes de sa main » (C. Duckworth, « Voltaire at Ferney : an unpublished description », SVEC, 174 (1978), p.61-67 [ici, p.66]).

15 Voir C. Mervaud et C. Seth, « Notes marginales inédites sur Le Vrai sens du Système de la nature », Revue Voltaire, 4, 2004, p. 299-340. Voltaire envoya cet exemplaire marginé à Paris pour faire part de ses critiques du matérialisme athée.

16 N. Cronk et C. Mervaud, « Voltaire annotateur de Boureau-Deslandes : une anecdote relatée par Formey », Revue Voltaire, 3, 2003, p. 354.

17 J.-M. Moureaux, « Le Corpus des notes marginales », Revue Voltaire, 3, 2003, p. 7-8 (ici, p. 8).

18 Voltaire à Paul Claude Moultou, [août/septembre 1774 ?], D19105

19 IMV, A1761/1.

20 Voltaire à Charles Joseph Panckoucke, 30 septembre 1769, D15929, et à Gabriel Cramer, 31 mars 1770, D16267.

21 Voir l'avertissement figurant dans l'édition de 1763, sous le millésime de 1755, à la suite de la didascalie initiale.

22 Voir la tirade de David, acte IV, scène 2 : « Voilà-t-il pas que mon fils Ammon, que vous connaissez, s'est avisé de violer sa sœur Thamat, et l'a ensuite chassée de sa chambre à grands coups de pied dans le cul ».

23 « Mr. » dans certains exemplaires.

24 OCV, t. 56A, p. 368.

25 Surnom de la nièce de Voltaire, Mme Denis.

26 Voir Graham Gargett,  Jacob Vernes, Geneva and the ʽʽphilosophesʼʻ, SVEC 321, Oxford, Voltaire Foundation, 1994.

27 Voir Voltaire à Théodore Tronchin, 23 septembre [1757], D7396 : ‘C’est lui [Vernet] qui le premier m’engagea à venir dans votre république’. Cf. le Commentaire historique, M, t.30, p.97: ‘Lorsqu'il [Voltaire] était à Colmar, M. Vernet Français réfugié, ministre de l'Évangile à Genève, et MM. Cramer, anciens citoyens de cette ville fameuse, lui écrivirent pour le prier d'y venir faire imprimer ses ouvrages’.

28 Voltaire à Théodore Tronchin, 23 septembre [1757], D7396 : ‘Quand j’arrivai à Genève il fut le premier qui me rendit visite ; il me fit l’honneur de manger chez moi plusieurs fois’.

29 J.-D. Candaux, notice ‘Vernet, Jacob’, Inventaire Voltaire, éd. J. Goulemot, A. Magnan, D. Masseau, Paris, 1995, p. 1369-70 (ici, p.1369).

30 Voltaire, Éloge de l'hypocrisie, OCV, t. 60C, p. 265-283.

31 Auto-citation de Henry Tronchin, Le Conseiller François Tronchin et ses amis Voltaire, Diderot, Grimm, etc. d'après des documents inédits, Paris, Plon, 1895, p. 277.

32 Voir BV, page non paginée en regard de la p. 933.

33 Nous respectons l'orthographe et indiquons les séparations linéaires à l'aide de barres obliques.

34 OCV, t. 56A, p. 461.

35 OCV, t. 56A, p. 395, n. 103.

36 Voir OCV, t. 56A, p. 395. Cf. L’Examen important de milord Bolingbroke, OCV, t. 61, p. 138, et Dieu et les hommes, OCV, t. 69, p. 497, n. 24.

37 Voir Gavin de Beer et André-Michel Rousseau, Voltaire’s British visitors, SVEC 49, Oxford, Voltaire Foundation, 1967, p. 39-40 et 67.

38 Voir OCV, t. 65A, p. 173-174.

39 Londres, Freeman, 1761 : voir BV 624 et CNM, t. 2, p.366.

40 David ou l’histoire de l’homme selon le cœur de Dieu, Londres [Amsterdam], [Marc-Michel Rey], 1768. Voltaire avait eu connaissance de cette traduction dès sa publication (voir D10322 et D10078).

41 Voir G. Bengesco, Voltaire. Bibliographie de ses œuvres, Paris, Perrin, 1882-1885, 4 vol., t. 1, p. 61-63.

42 Il est conservé à la « Bibliothèque Voltaire » de la BNR sous la cote 11-125 : voir BV 3515.

43 La main de Voltaire avait d'abord écrit « fidèlement » avant de rayer cet adverbe et d'ajouter l'adverbe « fidèlement » de manière supra-linéaire.

44 Par inadvertance, Voltaire avait commencé à écrire « d’A » (pour « d’Agag »).

45 V. van Crugten-André, notice « Saül », Dictionnaire général de Voltaire, dir. R. Trousson et J. Vercruysse, Paris, Honoré Champion, 2003, p. 1091-1093 (ici, p. 1092)

 



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