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Le dix-huitième siècle est en deuil, et il l’est même deux fois. C’est en effet à quelques semaines de distance que nous ont quittés Raymond Trousson, professeur à la Faculté Libre de Bruxelles et Nicolas Kopanev, conservateur de la bibliothèque Voltaire de Saint-Pétersbourg.
On se souvient que les gazettes de l’an 1778 avaient abondamment glosé sur la disparition, à trente-trois jours de distance, de Voltaire et Rousseau. Le premier, usé par ce qu’on appelle aujourd’hui, en toute pudeur, une « longue maladie », s’était éteint le 30 mai. Le second, plus jeune que lui de dix-huit ans, s’était effondré à Ermenonville le 2 juillet, terrassé par ce que les médecins de l’époque nommaient alors « apoplexie séreuse ».
L’histoire, en un étonnant pied-de-nez, se répéterait-elle ? Raymond Trousson, dont la majeure partie de l’œuvre critique est consacrée au citoyen de Genève, a succombé le 25 juin des suites d’une « longue maladie ». Nicolas Kopanev, son cadet de seize ans, qui avait consacré toute sa vie à la connaissance de Voltaire, est quant à lui mort subitement le 9 août alors qu’il voyageait en métro, à Saint-Pétersbourg.
Face à l’œuvre considérable de ces deux éminents chercheurs se dégage un sentiment contradictoire : sentiment d’admiration tout d’abord pour la manière dont ils ont su préserver notre patrimoine et penser les Lumières ; sentiment de désolation enfin à l’idée que le dialogue s’est rompu, cette fois-ci sans retour, avec l’un comme avec l’autre.
Relisons-les et avançons, malgré tout.
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