Nous avons le plaisir, à l’occasion de la sortie du volume des Belles Pages consacré à l’Institut et Musée Voltaire (Petite Histoire des Délices : de la propriété de Saint-Jean à l’Institut et Musée Voltaire, par Flávio Borda d’Água et François Jacob, 2014) d’accueillir Thierry Dubois, conservateur en charge des livres anciens et précieux et responsable de la collection.
Q : Pouvez-nous nous rappeler, pour commencer, l’historique de cette collection ?
R : Elle a été créée en 2006 à l’initiative de Danielle Buyssens, qui trouvait qu’il manquait une publication susceptible de mettre en valeur les fonds de la Bibliothèque de Genève.
Q : C’était au moment où la Bibliothèque préparait la grande exposition organisée au Musée Rath...
R : Précisément. Une première publication était prévue à cette occasion : Patrimoines de la Bibliothèque de Genève, qui contenait entre autres un article consacré aux fonds manuscrits anciens. L’idée de Danielle Buyssens était de créer la collection des Belles Pages en extrayant de ce chapitre sur les manuscrits médiévaux et les enluminures de la Bibliothèque de Genève la substance d’un premier numéro : on a donc un peu saisi la balle au bond en publiant ce premier titre, quitte à ne pas vraiment prioriser une planification des publications pour les années à venir. Trois ans ont alors passé.
Q : Et que s’est-il passé au bout de ces trois ans ?
R : C’est Jean-Charles Giroud, notre ancien directeur, qui a décidé de faire de la collection des Belles Pages une de ses priorités. Il a trouvé des moyens financiers qui permettaient d’envisager la publication de deux titres par an. Son idée était de confier pour l’essentiel la rédaction de deux titres annuels à des membres du personnel de la Bibliothèque qui seraient chargés de mettre en valeur certains segments de nos fonds – tous types de documents confondus, aussi bien les imprimés que les manuscrits, les affiches, les documents iconographiques, les cartes et les plans. Petit à petit le profil de la collection a pris une couleur un peu plus académique. Un certain nombre de chercheurs, plutôt issus de la relève, se sont alors proposés de travailler sur nos fonds et d’en mettre en valeur l’intérêt scientifique et la valeur patrimoniale.
Q : C’est le cas, par exemple, de Marc Radcliff ?
R : C’est l’ouvrage qui marque la rupture. Auparavant, tous les titres étaient réalisés par des membres du personnel de la Bibliothèque de Genève. À l’occasion d’une exposition sur Abraham Trembley dont Marc Radcliff était le commissaire scientifique, je lui ai proposé de rédiger un petit volume dans la collection des Belles Pages. Ce volume était l’ouvrage d’accompagnement de l’exposition. Ce fut peut-être le tournant des Belles Pages. Nous avons donné carte blanche à un universitaire de rédiger un volume. Il avait le choix entre un volume monographique – c’est le cas notamment de l’ouvrage du professeur Michel Vallogia Entre imaginaire et égyptologie : la Description de l’Égypte, mais également L’Histoire des sept sages : un best-seller genevois au quinzième siècle par le professeur Yasmina Foehr-Janssens où elle traite en effet d’un incunable genevois qui est un roman de chevalerie en français – ou une thématique et de l’illustrer par un certain nombre de documents majoritairement choisis dans nos collections. En parallèle, nous continuons de mettre en valeur les fonds de la bibliothèque : notamment deux volumes ont été confiés successivement à Jean-Luc Rouiller sur la Bibliothèque de La Grange et à Flávio Borda d’Água et François Jacob sur l’Institut et Musée Voltaire. Nous tenons à exploiter au maximum les compétences à l’interne mais tout en collaborant, à l’avenir, plus étroitement avec le milieu universitaire.
Q : Quel est cet avenir, justement, du point de vue des titres ?
R : Deux titres sont prévus chaque année. L’an prochain, Frédéric Elsig, professeur d’histoire de l’art à l’université de Genève, rédigera un petit volume sur la culture lyonnaise à Genève au XVIe siècle. Un autre volume sera consacré au centenaire de la fondation de l’Institut Jaques Dalcroze, et au 150e anniversaire de sa naissance. C’est Jacques Tchamkerten, bibliothécaire du conservatoire, qui sera chargé de ce volume.
Q : Justement, le volume intitulé Petite Histoire des Délices sera présenté par ses deux auteurs lors du soixantième anniversaire de la création de l’Institut et Musée Voltaire, le samedi 4 octobre prochain. Vous serez présent ?..
R : Plutôt deux fois qu’une ! La première, pour la Petite Histoire des Délices, et la seconde pour la petite histoire des Belles Pages…
Q : À très bientôt donc !
|
