La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
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par Philippe Fénelon

    
       

 

     
 

 

Le Festival Peralada a cette année signé une commande de création d’opéra au compositeur français Philippe Fénelon, auteur, entre autres, d’opéras comme Salammbô, Faust ou, plus récemment, JJR, citoyen de Genève. Trois personnages sont les protagonistes de Flaubert & Voltaire, l’avant-première absolue de cette année. Définie comme un opéra théâtre et évoquant ces deux illustres noms, la trame met en scène une confrontation historique, mais projetée dans les relations entre un écrivain, Gustave, et deux valets de chambre, Candide et Alphonse, qui commentent avec lui le quotidien. Mais ces valets existent-ils vraiment ? Ne sont-ils que des êtres qui poursuivent Gustave en rêve ?

La première mondiale de cette nouvelle œuvre de Philippe Fénelon a eu lieu le 12 août dernier au Mémorial Luis Pollanco, dans une scénographie de Jorgi Mitja, une direction scénique de Marc Paquien et avec Vladimir Kapshuk (baryton), Damien Bigourdan et Manuel Nunez Camelino (ténors). L’opéra est une coproduction du Festival de Peralada et de Vox 21. Nous reviendrons dans de prochains numéros de la Gazette des Délices sur cette manière très particulière de réécrire ou de « réinventer » Voltaire.

L’été 1845, il a 24 ans, Gustave Flaubert, qui était déjà un admirateur de Candide, se met à lire le théâtre de Voltaire. Il étudie l’intégralité des tragédies et des comédies mais aussi des livrets d’opéra. Il y travaille sérieusement et procède d’une façon particulière : il imbrique ses commentaires aux extraits des pièces qu’il analyse. Les phrases de Flaubert s’enchevêtrent ainsi aux textes de Voltaire. L’ensemble prend alors une couleur surprenante, à la fois personnelle et littéraire, mais aussi poétique et divertissante.

Flaubert pense que Voltaire est un précurseur du théâtre romantique et que ses innovations en matière de spectacle indiquent un chemin à suivre : « ça pourra m’être utile plus tard », écrit-il à un ami. Gustave regarde son œuvre future.

Lors d’un séjour genevois — pour la création de mon opéra JJR, citoyen de Genève —, j’ai eu la grande émotion d’avoir entre les mains le manuscrit de ce travail de Flaubert, conservé à l’Institut et musée Voltaire. Cela m’a donné l’idée d’une histoire en contre-jour de ce dialogue écrit. Ainsi sont nés Gustave, Candide et Alphonse, trois personnages perdus qui cherchent leur voie. Ils se parlent, échangent des opinions, se déconstruisent. Le chemin est long…

L’opéra est structuré en 17 scènes et 4 intermèdes.
Gustave, un homme jeune, cherche à écrire l’œuvre de sa vie, une pièce de théâtre géniale qui soit en même temps, si possible, un succès éclatant. Il réfléchit à la meilleure manière de procéder, s’exerce à crier les textes qu’il tourne dans tous les sens, sans être convaincu que le chemin qu’il prend soit le bon. Près de lui vivent deux garçons, Candide et Alphonse, colocataires qui partagent l’espace dans lequel vit Gustave, sorte de lieu de passage qui n’en finit jamais d’être vraiment installé.

Candide et Alphonse sont témoins des difficultés de Gustave. S’ils n’ont pas d’échange toujours direct avec lui, ils essaient cependant de lui donner des idées sur la manière de créer une œuvre d’art. Leur présence stimule Gustave, sans qu’il s’en rende compte et, peu à peu, cette source d’inspiration se révèle fructueuse. Gustave arrive finalement à écrire une pièce de théâtre dont on donne la création. On en entend la fin, retransmis à la radio. Hélas, le succès attendu n’est pas arrivé…

Candide explique alors qu’un artiste, quel qu’il soit, doit avancer sur le chemin de la création sans se laisser abattre par les jugements extérieurs. Le monde qu’il invente transformera sa vie. Gustave comprend alors que l’essentiel n’est pas de plaire, mais d’acquérir son indépendance. Il chante les projets sur lesquels il lui brûle de travailler et s’embarque pour un grand voyage sans retour.



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© IMV Genève |30.10.2014