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Cinq écrivains se croisent aux Délices
C’est dans la matinée du samedi 4 octobre, en plein cœur de la commémoration du 60e anniversaire des Délices, qu’a été organisée une séance de signatures du volume Sang dessus dessous édité aux éditions Slatkine. Ce volume, réalisé à l’initiative de Pierre Maudet, conseiller d’État chargé du département de la sécurité et de l’économie, présente un quatrième de couverture certes un peu long mais des plus originaux. Qu’on en juge :
« Cinq passionnés de polars. Une joyeuse bande. Tous proposent ici une histoire noire ayant pour cadre Genève. Manière pour eux de célébrer le bicentenaire de la police genevoise sur le mode littéraire. C’est Pierre Maudet qui a pris l’initiative de les réunir. Le ministre de la police en personne. Instructions? Pas d’instructions ! Liberté totale. À chacun son style, son époque et ses personnages. Voici cinq nouvelles enlevées, inédites et bien contrastées.
Éric GOLAY – l’historien – nous entraîne dans les rebondissements d’un drame qui s’est déroulé à Genève voici près de deux cents ans. Vraiment ? En retrouvant son père, Anne plonge dans une affaire qu’elle croyait fictive. Mais tout le monde le sait : la fiction, parfois, rejoint la réalité.
Corinne JAQUET – la populaire – visite le zoo d’Aïre en 1937. On retrouve un nettoyeur en mauvaise posture. Mort. Fils de gendarme, le jeune Marcel mène l’enquête derrière son père. Les hommes peuvent être mauvais témoins, ça oui. Mais les animaux n’oublient rien…
Luc JORAND – l’érudit – se demande qui pouvait en vouloir au vieil Ézéchiel. Et que faisait-il d’ailleurs dans ce parc, ce jour-là ? Serait-ce que… Mais oui ! Sa collection. Fabuleuse. Des centaines de manuscrits du XVIIIe siècle. Une valeur, vous n’avez pas idée.
André KLOPMANN – le polygraphe – fait disparaître un industriel bigot mais pas réglo. Et la chaise de Calvin. Puis un cabinet d’avocat. Invitant à Genève « son» commissaire du Quai des Orfèvres, Solnia, il déroule une fable sociale baignée non de sang, mais d’humour. Noir, bien sûr.
Sandra MAMBOURY – l’effrontée – met en scène une pop star américaine au Stade de Genève fin juin 2014, un amateur de Carambar, un flic boulimique, une comtesse alcoolique. Mais aussi une disparition mystérieuse, un crime dans un parc et… une petite robe noire. »
Si le polar historique n’est pas une nouveauté, des écrivains de plus en plus nombreux se penchent sur le dix-huitième siècle, et notamment sur ces grands écrivains que sont Voltaire et Rousseau. On songe en particulier à Frédéric Lenormand, que nous espérons bientôt pouvoir inviter aux Délices et qui, après avoir présenté à son lectorat les enquêtes du juge Ti, a initié une passionnante collection intitulée « Voltaire mène l’enquête ». Dans Sang dessus dessous, ce ne sont pas moins de trois des cinq nouvelles qui se proposent de relire une partie de l’histoire de Genève : les discussions du samedi 4 octobre ont d’ailleurs porté pour l’essentiel sur la manière dont un polar pouvait, qu’il soit « historique » ou non, permettre de revisiter la ville.
Gorguy Ndoye, dans son blog de Continent premier, focalise d’ailleurs sa critique sur cette dimension genevoise des cinq nouvelles : « De Le sourire de la panthère d’Eric Golay, en passant par Une mémoire d’éléphant de Corinne Jaquet, du Meurtre aux Délices de Luc Jorand, àl’Homme qui court d’André Klopmann, jusqu’àLa petite robe noire de Sandra Mamboury, le lecteur peut identifier lieux, les personnages, grâce à des références culturelles et spatiales proches du vécu partagé. Ainsi, les auteurs ont eu l’ingénieuse idée de rendre possible l’identification pour le lecteur connaisseur qui peut vivre au plus près les intrigues et leur dénouement, il y participe effectivement, et cela rend les enquêtes plus palpitantes encore. »
Valère Cognat, dans l’édition du Temps du 8 novembre 2014, retrouve également tout ou partie de l’histoire genevoise dans les tribulations des divers personnages, flics ou voyous : « Ainsi, les descendants de Frankenstein – riche famille genevoise aujourd’hui renommée Pierrefranc – y côtoient les éléphants de l’éphémère zoo de Genève – qui s’étendait dans le quartier de Saint-Jean entre 1935 et 1940. On y trouve aussi le tram 14, les banques, le Salève, le Jet d’eau, les Pâquis, Voltaire, Rousseau et même Nabilla…! Les cinq histoires – chacune écrite dans un style résolument différent – sont courtes et truffées de références. Les meilleurs connaisseurs du bout du lac pourront d’ailleurs s’amuser à décoder les clins d’œil les plus subtils. »
Clins d’œil qui ont « amusé », selon sa propre expression, Tatiana Tissot, de l’agence All the contents. « Les récits sont variés », écrit-elle, « car le style de chaque auteur, comme le cadre où ils inscrivent leurs fictions, diffèrent. » Et de rappeler ledit cadre dans chacune des cinq nouvelles : « L'écrivain Luc Jorand nous introduit dans le monde d'universitaires obsédés par les manuscrits de Rousseau et Voltaire. Corinne Jaquet construit une enquête anecdotique dans les années 40, menée par un petit garçon au cœur du zoo d'Aïre, aujourd'hui disparu. Dans un style enlevé, André Klopmann met en scène la disparition de la chaise de Calvin, exposée dans la cathédrale réformée de Genève. Sandra Mamboury relate, de son côté, la disparition d'une pop star américaine dans un palace. »
Les cinq auteurs se retrouveront le vendredi 1er mai 2015, de 16h30 à 18h sur le stand des éditions Slatkine, au prochain Salon du Livre. Et nos prochaines rencontres d’écrivains aux Délices sont quant à elles programmées en juin :
Vendredi 5 juin, 18h30 : Michaël Uras pour son roman Chercher Proust
Mercredi 24 juin, 18h30 : Jean-Michel Olivier pour son roman Les Innocents, où il est question de Voltaire et de Salman Rushdie…
Venez nombreux !
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