La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
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Commémoration du soixantième anniversaire de l’Institut et Musée Voltaire

Vendredi 3 octobre 2014

Séance introductive

Nous présentons dans cette rubrique Voix publiques le discours d’accueil de M. François Jacob, conservateur en charge de l’Institut et Musée Voltaire. M. Jacob et Mme Catherine Volpilhac-Auger, professeur à l’École Normale Supérieure de Lyon avaient la lourde charge d’introduire une journée d’études intitulée, rappelons-le, « Éditer les Lumières aujourd’hui » et constituée de trois tables rondes respectivement nommées « Éditer Voltaire », « Éditer les Lumières » et « Paroles d’éditeurs ».

Mesdames, messieurs, chers amis,

C'est le 2 octobre 1954, il y a très exactement soixante ans, qu'a été officiellement créé l'Institut et Musée Voltaire. Je dis « officiellement » car, comme la plupart d'entre vous le savent déjà, Theodore Besterman, notre milliardaire fondateur, était présent à Genève dès le tout début des années 1950 et s'était même installé aux Délices dès la fin 1952.

Faire de la maison des Délices rebaptisée « Institut et Musée Voltaire » un centre de recherches reconnu au niveau international ; y lancer la publication des Œuvres complètes et de la correspondance de Voltaire ; ouvrir la maison aux visiteurs genevois en prenant la suite de la Société Auxiliaire du Musée d'Art et d'Histoire, laquelle avait aménagé, dans la galerie, quelques vitrines à destination touristique ; faire enfin de Genève une plaque tournante de l'étude des Lumières : tels étaient les buts principaux que s'était fixés Theodore Besterman et qui, après son départ quelque peu mouvementé, en 1971, ont été poursuivis, cultivés, approfondis.

C'est en 1973 en effet que l'Institut et Musée Voltaire, administrativement rattaché à la Bibliothèque Publique et Universitaire, aujourd'hui Bibliothèque de Genève, a accueilli son nouveau conservateur en la personne de M. Charles Wirz. Or nous savons tous ici que c'est grâce au travail de M. Wirz, à sa constante disponibilité auprès de la communauté des savants, à sa connaissance inégalée de Voltaire et des écrivains des Lumières que cet Institut a pu non seulement conserver le rang qui était le sien, mais même le voir accru et renforcé.

Il n'est que de se souvenir des cinq ans de travaux qui, entre 1989 et 1994, ont permis la complète rénovation du bâtiment et dont M. Wirz, sans délaisser pour autant ses activités scientifiques, a été l'orchestrateur. 1994, c'est bien sûr le moment de la commémoration du trois centième anniversaire de la naissance de Voltaire, que nous avons tous en mémoire, et qui avait été l'occasion, à Genève comme à Ferney, de fructueux échanges et de réelles découvertes.

Soixante ans ont passé, donc, depuis la fondation de l'Institut, vingt ans ont passé depuis le tricentenaire de la naissance de Voltaire. Or si nous sommes réunis aujourd'hui dans ce merveilleux Grand Salon des Délices, c'est bien que nous participons tous de cet esprit des Lumières qui ne demande qu'à s'exprimer à travers, entre autres et prioritairement, l'étude de l'œuvre de Voltaire.

Il se trouve que la conjoncture est devenue, ou redevenue, très favorable à ce type d'études.

Elle est d'abord très favorable au niveau des acteurs. La Société des Études Voltairiennes et la Société Voltaire sont, depuis plus d'une dizaine d'années, les fers de lance de la recherche voltairiste. Les groupes de recherche des diverses universités suisse et française contribuent également à une meilleure connaissance du patrimoine voltairien : deux thèses sur Voltaire viennent par exemple d'être inscrites à Berne et à Genève, et ce n'est sans doute pas fini.

La conjoncture est très favorable aussi au niveau des projets : projets d'exploration de l'édition de Kehl (je me tourne vers M. Magnan), projet de publication d'un Voltaire posthume qui a constitué l'une des armatures du dossier Sinergia intitulé « Herméneutique des Lumières » et qui vient d'être avalisé par le Fonds National de la recherche Suisse pour un montant d'un million et demi de francs ; projets d'éditions numériques en libre accès ; projets de collaboration avec la bibliothèque Voltaire de Saint-Pétersbourg à laquelle sa nouvelle conservatrice, Mme Natalia Speranskaia, a insufflé un regain de dynamisme.

Elle est très favorable enfin au niveau patrimonial. De nouvelles archives, à commencer par celles d'Émilie du Châtelet, sont apparues sur le marché (terme exécrable, j'en conviens, mais réalité avec laquelle il nous faut composer) ; les procédés de numérisation, les créations de banques de données, les interrogations possibles à distance ont considérablement favorisé la connaissance du patrimoine voltairien. Des dons sont enfin venus compléter les collections des diverses institutions détentrices de fonds voltairiens, à commencer par celle-ci.

Je voudrais à ce propos remercier les donateurs qui se sont succédé, ces dernières années, et ont contribué à l'accroissement de notre bibliothèque : M. Méfano, Mme Oesterlé-Masset, M. Magnan et, bien entendu, M. Jean-Daniel Candaux. Je dis « bien entendu » car, certains d'entre vous ne le savent peut-être pas encore, M. Candaux vient de faire don à la Bibliothèque de Genève, avec comme destination les rayonnages de l'Institut et Musée Voltaire, de sa bibliothèque de Voltairiana, soit 1704 volumes pour la quasi-totalité du dix-huitième siècle. Ce don, estimé à un million de francs, fait aujourd'hui de l'Institut et Musée Voltaire la  bibliothèque la plus riche du monde, s'agissant de Voltaire, bien avant même la Bibliothèque Nationale de France, dont je soupçonne désormais les conservateurs de lorgner avec envie sur nos fonds.

Nous ne saurions assez remercier M. Candaux de ce don tout à fait exceptionnel dont tous les éléments seront bientôt catalogués. Aussi vous serais-je reconnaissant, Mesdames et Messieurs, de vous associer à moi pour applaudir chaleureusement M. Candaux et le remercier de ce très beau cadeau d'anniversaire.

(Applaudissements)

Avant de conclure ce mot introductif, permettez-moi, Mesdames et Messieurs, de procéder aux traditionnels remerciements qui ponctuent généralement ce type de journées. Je tiens à remercier tout d'abord M. Alexandre Vanautgaerden, directeur de la Bibliothèque de Genève, et son équipe, grâce à l'implication desquels nous pouvons nous réunir aujourd'hui (je pense en particulier à Mme Coranda Pierre Humbert et à MM. Ivan Duperret et Raphaël Fiammingo) ; je voudrais ensuite remercier toutes celles et ceux qui ont fait un parfois long déplacement pour venir jusqu'à nous, en particulier Mme Volpilhac-Auger et MM. Ferret, Magnan et Sgard ; je voudrais enfin remercier les personnes qui travaillent à l'Institut et ont toutes contribué, d'une manière ou d'une autre, au succès de cette journée : Mmes Catherine Walser, bibliothécaire, et Anaïs Meudic, rétrocatalogueuse (le terme est affreux, mais la personne est d'une qualité rare) ; Messieurs Flavio Borda d'Agua, adjoint scientifique, Alain Dubois et Martin Nicolet, rétrocatalogueurs ; et enfin nos deux civilistes, sans qui rien n'aurait pu se faire, à savoir Messieurs Julien Dinkel et Manuel Tarabay. Que tous soient ici chaleureusement remerciés.

Mais nous sommes réunis aujourd'hui pour parler de Voltaire, de la manière d'éditer Voltaire et, d'une manière plus générale, d'éditer les Lumières aujourd'hui. Où en est-on dans l'édition contemporaine des grandes figures des Lumières ? Quels défis se posent à nous en termes d'éditions numériques ? Quelles premières conséquences peut-on en tirer sur le plan interprétatif ? Peut-on commencer à esquisser, fût-ce timidement, et à partir des œuvres de Montesquieu, Voltaire, Rousseau et quelques autres, les contours de ce qu'il conviendrait d'appeler une « herméneutique des Lumières » ?

Et à qui d'autre, pour ouvrir les débats, pouvions-nous demander d'intervenir, sinon Mme Catherine Volpilhac-Auger ? Je lui cède la parole avec empressement, tout aussi impatient que vous de l'entendre.

Je vous remercie.

 

 



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