La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
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Éditées par François Jacob

    
       

 

     
 

 

Nous présentons dans ce numéro et dans le numéro suivant de la Gazette huit lettres de l’abbé Du Bos rédigées entre 1738 et 1740 et toutes adressées au comte de Brancas-Rochefort. Ces lettres ont été acquises par la Bibliothèque de Genève pour le Musée Voltaire lors de la vente Tajan du 18 septembre 2013 (lot n°303, entrée IMV 8543). Entrées depuis lors dans les collections du musée, elles sont cotées MS CC 232 à 239. Le catalogue de la vente se contentant de donner quelques extraits des lettres de l’abbé, il nous a paru nécessaire d’en proposer l’intégralité à la sagacité de nos lecteurs. Il y sera principalement question d’opéra, de Voltaire et, notre abbé entendant faire bonne chère, d’abondants saucissons.  

Mais rappelons d’abord, en quelques mots, qui était l’abbé Du Bos. Né le 21 décembre 1670 à Beauvais, on sait assez finalement peu de choses de lui, ce que déplore Alfred Lombard, son principal biographe : « Nous nous demandons si l’on trouverait un autre secrétaire perpétuel de l’Académie française dont on sache aussi peu1. » Bachelier en théologie en 1692, il gagne rapidement Paris, où il devient l’ami de l’orientaliste Galland, correspond avec Bayle et fréquente Boileau, Perrault et le père Malebranche. On lui doit quelques travaux d’érudition (ainsi l’Histoire des Quatre Gordiens, prouvée et illustrée par les médailles) mais c’est surtout dans le milieu de l’opéra qu’il fait ses premières armes, ce que déplore –une nouvelle fois- son biographe : « il allait à l’opéra avec l’enthousiasme d’un homme jeune, très épris de musique et de plaisir, et que les considérations morales paraissent avoir retenu fort peu2. »

Sur le plan religieux, Du Bos se méfie des jésuites, des quiétistes et des athées. Il demeure un sceptique « raisonné et réfléchi3 » et se rapproche donc, dans les premières années du dix-huitième siècle, de la position qui sera celle de Voltaire. La fin du règne de Louis XIV le voit parcourir l’Europe (Hollande, Angleterre, Italie) et participer à toutes sortes de tractations diplomatiques lors, notamment, de la Guerre de succession d’Espagne. Il devient en 1714 chanoine de Beauvais mais s’établit à Paris où il restera désormais toute sa vie.

C’est en 1719 qu’il publie son plus important ouvrage, les Réflexions critiques, ouvrage d’érudition qui le propulse dès l’année suivante à l’Académie française. Le 19 novembre 1722, il en est élu secrétaire perpétuel. Les honneurs se suivent alors sans discontinuer (il est par exemple nommé censeur royal) et Du Bos publie en 1734 son œuvre majeure, l’Histoire critique. En 1739 enfin, il est nommé au Journal des savants où il reste jusqu’à sa mort, en 1742.

Les lettres que nous publions aujourd’hui datent donc de la fin de la vie de l’abbé Du Bos et touchent à une de ses activités favorites, à savoir la tenue d’une chronique parisienne de l’opéra. La nature épistolaire de l’échange, la nécessité de répondre à certaines attentes de son interlocuteur interdisent à cette suite de lettres de prétendre, précisément, à un autre statut que celui de la chronique : mais plusieurs réflexions sur l’art des chanteurs, sur la tessiture des voix, sur l’adaptation de tel ou tel comédien à tel rôle annoncent déjà, peu ou prou, les débats qui alimenteront, trente-cinq ans plus tard, la Querelle des Gluckistes et des Piccinistes et permettront l’éclosion d’une véritable critique artistique. Ce n’est pas là le moindre intérêt de cette correspondance agrémentée, de surcroît, de quelques souvenirs voltairiens et pimentée d’un humour constant.

Par confort de lecture, nous présentons les lettres dans une orthographe modernisée. Les personnes non identifiées ou sur lesquelles subsiterait un doute sont marquées d'un astérisque.

1 A. Lombard, L’abbé Du Bos, un initiateur de la pensée moderne (1670-1742), Paris, Hachette, 1913, p. II.

2 Ibid., p. 44.

3 Ibid., p. 62.


Lettres de l’abbé Du Bos au comte de Brancas-Rochefort

4 mai 1738
Monsieur l’abbé Fayol1 vient de me rendre, Monsieur, la lettre que vous me fîtes l’honneur de m’écrire le douzième du mois dernier et de me remettre la caisse contenant les dix saucissons que vous avez eu la bonté de m’envoyer. On ne saurait être plus sensible que je le suis et que je le serai toujours aux marques de souvenir et d’amitié que vous daignerez me donner, et je n’omettrai jamais rien de ce qui pourra en mériter la continuation.
Venons aux nouvelles du Parnasse. Vous aurez su le grand succès de Maximien2 et j’ai pris même des mesures afin que vous puissiez lire cette pièce. Voici une épigramme qui la regarde et que je crois de l’abbé Pellegrin.

Si tu veux rendre taciturne
L’élève ampoulé de Lucain,
Nivelle chausse son cothurne
Au-dessus de ton brodequin3.

L’opéra nouveau de cet abbé4 ne réussit que par le secours du vilain temps et des frimas, car depuis quatre jours il a neigé ici deux ou trois fois. Pour passer des vers, le pauvre Pétrarque et Madame Laure y sont travestis en chienlits5. L’Entrée de l’Amour jaloux est un acte de tragédie des plus tristes. Qui l’aurait cru, l’Entrée de l’Amour enjoué et coquet, est le seul endroit de l’opéra où l’auteur fasse passer la nature. Aussi lui fait-on faire son purgatoire toutes les représentations sous la loge de la Reine, où il ne saurait s’empêcher de venir et où le spectateur ne saurait s’empêcher de lui faire part de quelque réflexion désobligeante sur son Poème. L’abbé veut se justifier contre ces critiques et, nouveau sujet d’affliction pour lui, on trouve ses réponses insuffisantes. Le musicien6 n’a pas mieux fait que son poète. À propos d’opéra, la caisse où il devait y avoir quarante mille francs suivant le compte de Pâques, s’en trouve vide. On dit que l’Opéra a été volé par les receveurs. Cependant on n’a chassé personne. On raisonne beaucoup là-dessus et on rappelle l’aventure de Francine que Le Rochois surprit un jour qu’il volait ses propres chandelles7. Là-dessus Marion Antier8 est toujours aussi attentive à ses petits intérêts qu’un frère Quêteur Capucin, et fait donner à Duval* son mari, une commission d’inspecteur avec deux mille francs d’appointements. Jélyotte9 dit toujours qu’il quittera au mois d’août. Il se présente un bon sujet pour le remplacer. Ce sujet est le fils de Cuvillier10, mais ce sujet n’a encore que dix-sept ans, et il est encore plus petit de toute la tête que son père. Chassé11 devient fou par la jalousie qu’il a contre Le Page12 qui le double et qui promet de le faire oublier s’il parvenait à le remplacer. Depuis trois mois il nous est venu deux demoiselles du concert de Rennes. M [lle] de la Fontaine13 qui a un premier dessus est peu de chose mais Selima14 (elle est fille d’un Persan établi en Bretagne) qui a un second dessus est un sujet excellent par sa voix et par sa physionomie théâtrale. On a renvoyé à Pâques trois danseuses, la Thybert*, la Saint-Hurai* et la Carville*. Elles sont bien remplacées. Je voudrais que le chant se soutînt aussi bien que la danse où il s’élève trois sujets excellents dont le plus âgé a moins de vingt ans. Ces sujets sont la Frémicourt*, que vous avez vu, Monsieur, figurer et qui danse seule aujourd’hui, Mimi* sœur de Mariette et la Le Duc15. On va reprendre Atys, où l’on espère que Marion Antier qui a grande peur de perdre sa voix et qui depuis deux mois ne chante plus, reparaîtra. Ensuite on jouera L’Amour voyageur de Roy16 et des petits violons. Au mois de novembre Proserpine17. Il paraît trois Épîtres de Voltaire imprimées avec privilège, l’une sur le Bonheur, l’autre sur la Liberté et la troisième sur l’Envie18. Je n’aurais pas deviné en les lisant qu’elles fussent de lui. L’abbé Desfontaines est traité cruellement dans la troisième19. On voit aussi Les Principes de la philosophie de M. Newton mis à la portée de tout le monde par M. de Voltaire. C’est un in-8 de quatre cents pages imprimé furtivement. Il ne tient point tout à fait parole et je vois bien des gens qui prétendent qu’ils ne l’entendent pas et que ce n’est point leur faute20. On ne saurait Monsieur être avec des sentiments plus sincères et plus respectueux que les miens
Votre très humble et très obéissant serviteur

9 juin 1738
Les saucissons que vous avez eu la bonté de m’envoyer, Monsieur, se sont trouvés parfaitement bons, et je vous suis encore obligé de l’inquiétude où vous avez été à ce sujet. C’est une nouvelle preuve de votre estime et amitié. Mademoiselle Antier a un enrouement qui lui tient depuis trois mois. Elle prend actuellement du lait d’ânesse et s’il ne fait point l’effet qu’elle en attend, elle ira à Forges21. Si Forges et ses eaux n’opèrent rien, elle se retirera. Il y a déjà grande contestation sur la dignité de première actrice que Mlle Pélissier22 et Mlle Eeremans23 prétendent leur être dévolue en cas de vacance. Mlle Petitpas24 se porte bien, mais elle n’a pas encore chanté depuis qu’elle est quitte de son accident. Les airs qu’on a voulu lui donner dans le nouvel opéra ne lui ont pas plu. On trouve ici la musique instrumentale de ce nouvel opéra Le Triomphe de la paix25 généralement assez plate, la musique vocale sans mélodie et sans expression, et les chœurs, à l’exception du second chœur du Prologue et du dernier de la troisième Entrée, peu convenables et peu harmonieux. Quant aux paroles, il y a de l’esprit et même de la verve, mais elles sont pleines de fautes contre la langue. Cependant l’opéra dont je parle est assez suivi. L’abbé Pellegrin dit que les auteurs en ont l’obligation au temps qu’il fait. À cet opéra doit succéder Les Amours de Protée26 joué en 1720 et puis Proserpine, à moins que l’état où se trouvera dans quatre mois M[arion] Antier qui l’avait demandé, ne fasse changer le projet arrêté. M. Le More27 dit qu’elle ne s’éloignera point de rentrer si M [arion] Antier se retire. Nous avons ici Mlle Haguenot* de Lyon. Elle a même chanté devant la Reine qui veut la retenir pour son concert. Mais la musicienne demande de si gros appointements qu’on ne saurait la garder, si l’Opéra n’en paye une partie. Jeudi, elle ira chez M. de Carignan28 où l’on tâchera de tout accommoder. M[lle] Haguenot a bien dit d’abord qu’elle ne voulait point entrer à l’Opéra, mais depuis que Mlle Antier à qui elle est recommandée par M. Périchon* lui a fait voir la gloire des filles de Sion, et qu’elle lui a bien fait comprendre qu’entrer à l’Opéra, c’est le moyen de faire du bien à sa famille, Mlle Haguenot est fort ébranlée. Une jeune danseuse Mlle Frémicourt donne les plus grandes espérances depuis qu’on la fait danser seule. On enterra hier la pauvre Caunian* que vous avez vue, Monsieur, se promener au Palais Royal. Elle s’était fait déjà sinon une bonne du moins une grande réputation. Voilà bien des bagatelles et même des pauvretés mais je crois qu’elles vous amuseront.

4 décembre 1738
Monsieur Gautier29 qui venait si ponctuellement dire des nouvelles au petit banc ayant perdu il y a six semaines sa femme qu’il aimait fort composa il y en a trois les vers que j’ai l’honneur de vous envoyer, Monsieur, et que l’auteur certainement aurait eu celui de vous présenter, si vous eussiez été ici. C’est un ami de la défunte qui a mis ces vers en musique. Quant à l’estampe, vous devinerez aisément quel écrivain elle regarde30.
Jélyote chante aujourd’hui Atys qu’on reprend, et la Pelicier fait Sangaride. Le Page chante le rôle du Roi et Mademoiselle Erreman, celui de Cybèle. Chassé à qui les succès de Le Page qui a une voix plus belle que lui, ont tellement tourné la tête bretonne, qu’il se [dit] malade quoiqu’il se porte très bien et qu’il ne veut ni chanter ni sortir de l’opéra. Quant à Marion Antier, elle attend le retour de sa voix. Suivant les apparences ce sera avec aussi peu de succès que les Juifs en ont dans leur attente du Messie. Il nous est venu de Toulouse un sieur Meschain31, qui a une très belle voix de haute contre. On la croit même beaucoup plus propre pour le récitatif que celle de Jélyote. Meschain n’est guère plus grand que lui, mais il est mieux fait, mieux facié et il a meilleure grâce sur le théâtre dont il a quelque expérience. Sa femme qu’il a amenée avec lui et qui a été reçue dans les chœurs assure qu’il se conservera, et que tant qu’il y aura des bâtons à Paris son mari sera sage. La moitié de notre Ballet est sur la litière pour le mal qui a tant de fois affligé la Petit[pas].
Il y a ici un Monsieur de Montigny* qui à ce qu’on dit est homme de condition, mais réduit à gagner sa vie à peindre des dessus de tabatières, ce qu’il fait bien et avec assez de gain. Une de ses sœurs religieuse depuis vingt-cinq ans, elle en a quarante-deux, dans un couvent près Mézières, s’est trouvée quoique femme réellement, si semblable par l’extérieur à un homme des plus hommes que par sentence de l’official de Reims, elle a été mise hors de son monastère quitte et délivrée de ses vœux. Vous jugez bien, Monsieur, de quel vacarme et de quel désordre le procès et la visite de la nonne, auront été précédés. S’il y avait un rapport de cet événement fait à l’Académie des sciences je pourrais en vous l’envoyant mieux expliquer les choses en le copiant sans choquer la bienséance, mais il n’y en a point encore.
Le Cardinal* se porte à merveille mais il a tant de peine à gouverner la gaule32, que Du Moulin33 s’en arracherait les cheveux, s’il en avait. M. Bernard* a la gangrène à la jambe droite et il est tout content de mourir comme le feu Roi. C’est ce qu’il dit deux ou trois cents fois par jour. Du Moulin l’avait condamné à mourir dans quarante jours, mais hier il lui est revenu quelque lueur d’espérance. Le bruit courait hier à l’opéra que Rousseau34 était à Paris sous le nom de Richet, et sous la protection d’un sauf-conduit : je n’en sais point davantage. Voltaire est toujours à Cirey, où il travaille à l’histoire politique et littéraire du règne de Louis quatorze. Je ne crois pas que ce poète fasse jouer cet hiver sa Mérope35. Le Catilina de Crébillon est achevé et il nous le promet de nous le lire avant un mois36. On jouera incessamment aux Français Médus roi des Mèdes37 qu’on croit de Monsieur de la Chaussée. Je suis avec respect votre très humble et très obéissant serviteur.
Il y a huit jours qu’on répéta chez le Président de Luberre* un opéra de l’abbé Pellegrin et de Février38. Dès le troisième acte, chacun s’en alla. Il ne resta que les musiciens et l’auteur des paroles.

 

1 On ne sait pas grand chose de cet abbé Fayol, si ce n'est qu'il se mêla de médecine et eut un laquais cité dans le fameux Traité des maladies vénériennes de Jean Astruc (1684-1766), médecin du duc d'Orléans.

2 Maximien de Nivelle de la Chaussée fut créé le 28 février 1738 au théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain et eut vingt-deux représentations.

3 L'abbé Simon-Joseph Pellegrin (1663-1745) reste célèbre pour avoir créé le livret du Jephté de Montéclair et avoir ensuite collaboré avec Rameau, à qui il offrit le livret d'Hippolyte et Aricie, prétexte à une réflexion d'ensemble sur l'art poétique.

4 Il s'agit des Caractères de l'amour, ballet héroïque créé au Concert de la Reine, le 12 décembre 1736, puis à l'Académie royale de musique, le 15 avril 1738. Les trois entrées s'intitulent « L'amour volage », « L'amour jaloux » et enfin « L'amour fidèle » : tout un programme.

5 « Chie-en-lit » puis « chienlit », « nom que les enfants et les gens du peuple donnent par raillerie aux masques qui courent les rues pendant les jours gras » (Dictionnaire de l'Académie, 1835).

6 Il s'agit de François Collin de Blamont (1690-1760), créateur avec Fuzelier du genre du ballet héroïque.

7 Jean-Nicolas de Francine, dit Francine (1662-1735) fut nommé directeur de l'Opéra en 1687 mais connut de manière récurrente des problèmes d'intendance. Marthe Le Rochois (1658-1728) est quant à elle une célèbre cantatrice, créatrice notamment du rôle d'Armide, dans l'œuvre éponyme de Lully, en 1686.

8 Marie Antier, dite Mlle Antier (1687-1747), élève de Marthe le Rochois, fit ses débuts à l'Opéra en 1711. Elle reste l'une des plus grandes cantatrices de la première moitié du dix-huitième siècle, avec à son actif des rôles majeurs lors des créations du Jephté de Montéclair (1732), d'Hippolyte et Aricie de Rameau (où elle chante Phèdre), des Indes galantes (1735) et enfin de Castor et Pollux (1737).

9 Pierre Jélyotte (1713-1797) connaît le 7 janvier 1738 son heure de gloire dans la reprise d'Atys, de Lully. Ses velléités de départ sont, comme bien l'on pense, pure coquetterie : il interprètera de fait tous les grands rôles de Rameau aux côtés, notamment, de la soprano Marie Fel.

10 Louis Antoine Cuvillier, célèbre chanteur, eut effectivement un fils qui chanta des rôles de haute-contre à l'Opéra entre 1738 et 1740 avant de gagner Lyon. Il revint en 1749 à l'Académie royale de musique où il créa, en 1755, le rôle titre du Devin du village de Jean-Jacques Rousseau.

11 Claude-Louis Dominique de Chassé de Chinais (1699-1786), dit plus simplement Chassé, tint à l'Académie de musique les premiers emplois de basse-taille et eut les faveurs de Louis XV, qui appréciait particulièrement son jeu.

12 François Le Page (1709-1780) était effectivement le « double » de Chassé et montra toute l'étendue de son talent en chantant le rôle de Teucer dans le Dardanus de Rameau.

13 Cette Mlle de la Fontaine rennaise ne semble guère avoir laissé de traces. Essayait-elle de rappeler son illustre homonyme (1655-1738), la célèbre danseuse ?

14 Voilà une jeune fille bien discrète, absente, comme son amie Mlle de la Fontaine, des registres de l'époque.

15 Le va-et-vient des danseuses appelées à se produire à l'Opéra est assez étourdissant : on ne compte pas moins, pour la seule année 1738, d'une dizaine de départs et d'arrivées.

16 Pierre-Charles Roy (1683-1764), célèbre librettiste, fut en son temps considéré comme le digne successeur de Quinault. Il fut un des hôtes privilégiés des Nuits de Sceaux.

17 Proserpine, tragédie de Lully et Quinault créée en 1680, célèbre par son duo « Qu'il coûte cher d'être fidèle » et son usage très particulier des cordes, dans le premier acte.

18 C'est à son retour de Hollande que Voltaire avait rédigé ces épîtres appelées à être insérées dans le Discours en vers sur l'homme, dont elles nourriront le questionnement philosophique.

19 On peut en juger par ces quelques vers :
Cent fois plus malheureux et plus infâme encore
Est ce fripier d'écrits que l'intérêt dévore,
Qui vend au plus offrant son encre et ses fureurs;
Méprisable en son goût, détestable en ses mœurs ;
Médisant, qui se plaint des brocards qu'il essuie ;
Satirique ennuyeux, disant que tout l'ennuie ;
Criant que le bon goût s'est perdu dans Paris,
Et le prouvant très bien, du moins par ses écrits.

20 Le titre cité par l'abbé Du Bos n'est pas de Voltaire, mais d'un libraire peu scrupuleux, Ledet, pressé de gagner quelque argent aux dépens de l'écrivain, alors à Cirey. Le volume présente d'ailleurs de notables altérations par rapport au manuscrit de Voltaire. « Il faut être un imbécile, écrira celui-ci, pour penser que la philosophie de Newton puisse être à la portée de tout le monde. »

21 Forges, ville de Normandie fréquentée par la noblesse et la haute bourgeoisie, qui y allaient « prendre les eaux », celles-ci étant réputées pour leur vertu thérapeutique.

22 Marie Pélissier (1707-1749), célèbre cantatrice, compensait son peu de puissance vocale par un jeu exceptionnel et une parfaite diction. Sa vie sentimentale fort agitée n'a pas laissé d'occasionner quelques remous dans une société pourtant assez ouverte sur le plan des mœurs.

23 Demoiselle Eeremans, épouse de la basse-taille Le Page, se produisit à l'Académie Royale de musique de 1721 à 1743. Elle chanta notamment le rôle de Vénus dans le Dardanus de Rameau.

24 La demoiselle Petitpas, née en 1710, débute en 1727 à l'Académie Royale de musique où elle excelle surtout dans les ariettes. Elle crée le rôle de Vénus dans la Jephté de Montéclair. De santé fragile, elle s'éteindra quelques mois après la rédaction de notre lettre, en 1739, âgée de seulement vingt-neuf ans.

25 Du Bos fait allusion au Ballet de la paix de Roy, Rebel et Francœur créé le 29 mai 1738, quelques jours avant la rédaction de la lettre.

26 Les Amours de Protée, ballet en un prologue et trois actes de Charles Hubert Gervais sur un livret de Joseph de La Font, avait été créé le 16 mai 1920.

27 Catherine Nicole Le Maure (1704-1786), une des plus célèbres cantatrices du temps, réputée pour ses nombreux éclats, mais aussi pour avoir, entre 1727 et 1731, chanté au Concert Spirituel. Son style, très instinctif, s'opposait à l'art plus consommé de Marie Pélissier, sa grande rivale.

28 Victor-Amédée, prince de Carignan (1690-1741), surintendant des Menus-Plaisirs et directeur de l'Opéra.

29 Laurent André Gautier (1706-1775), organiste, se produisit à l'église abbatiale de Saint-Denis à sa mort.

30 Aucune estampe n'accompagnait malheureusement le lot de lettres de l'abbé Du Bos, au moment de leur achat.

31 Les Meschin sont effectivement une famille de musiciens toulousains assez réputés jusqu'à la fin du dix-huitième siècle : nous n'avons pu encore déterminer lequel d'entre eux s'est produit à Paris.

32 « Grande perche » et « houssine dont on se sert pour faire aller un cheval » (Dictionnaire de l'Académie, 1762).

33 On trouve trois frères Dumoulin en 1738 dans le ballet de l'Académie Royale de musique : François, Pierre et David. Ce dernier est le le plus réputé des trois.

34 Jean-Baptiste bien sûr (1671-1741) et non Jean-Jacques qui, à cette époque, est encore aux Charmettes avec Mme de Warens.

35 Mérope ne sera effectivement créée que le 20 février 1743.

36 La pièce ne sera cependant créée que dix ans plus tard, le 20 décembre 1748. Elle mettra Voltaire en rage et le poussera à composer, et à produire, sa propre Rome sauvée.

37 Médus est en fait de François Michel Chrétien Deschamps (1688-1747). Une tragédie lyrique de Lagrange-Chancel, elle aussi intitiulée Médus roi des mèdes avait été créée en 1702.

38 Pierre Février (1696-1760), organiste et compositeur, titulaire des orgues du collège Louis-le-Grand et de St-Roch.

 



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