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Historique

"Portraits d’hommes illustres dans l’ancienne Bibliothèque publique du Collège", Jean-Jacques Dériaz, 1873, Bibliothèque de Genève, inv. CIG 0203

Les collections de la Bibliothèque de Genève

C’est du transfert de la Bibliothèque dans la «grande salle» du Collège (aujourd’hui collège Calvin), en 1702, qu’on peut dater l’émergence à Genève d’une politique de gestion publique des collections de tableaux, d’objets d’art et de «curiosités». Ce premier «musée» présente notamment des portraits d’hommes illustres qui pouvaient être admirés, entre autres richesses, par les visiteurs. C’est à ce titre que l’on transporte à la Bibliothèque en 1732 les volets du célèbre retable de Conrad Witz, dont l’un des panneaux montre un cardinal-évêque de Genève, alors identifié à tort comme Jean de Brogny (aujourd’hui au Musée d’art et d’histoire). Très vite également, les collections s’enrichissent de vues de Genève contemporaines et de cartes anciennes. On citera en particulier les quatre représentations panoramiques du peintre Robert Gardelle, offertes par le miniaturiste Jacques-Antoine Arlaud à sa ville natale en 1743 ou la célèbre carte de Genève et de ses environs donnée à l’institution par son auteur, Jacques-Barthélemy Micheli du Crest (1690-1766).

L’approche documentaire

L’année 1843 est significative dans l’histoire des collections genevoises car elle consacre le partage entre témoins documentaires, réservés à la Bibliothèque, et œuvres d’expression esthétique, gérées par la Société des arts, à laquelle le Musée d’art et d’histoire succédera au début du 20e siècle. Un ensemble d’œuvres, dont les panneaux de Witz, reconnus comme témoins de l’histoire de l’art local, est alors transféré au Musée Rath, édifié quelques années plus tôt. Dans cet esprit, la Société des arts échange le pastel que Liotard avait légué par testament à sa ville natale – l’autoportrait dit «à la barbe» et en grand costume turc – contre un pastel de même sujet, l’autoportrait dit au «bonnet rouge», jugé alors artistiquement mineur mais suffisant pour documenter le grand artiste local.

"Autoportrait dit « au bonnet rouge »", Jean-Etienne Liotard, 1767-1768, Bibliothèque de Genève, inv. CIG 0072

La redéfinition des collections iconographiques de la Bibliothèque de Genève au 19e siècle

La fondation d’une kyrielle de musées à Genève avant la Première Guerre mondiale – Musée académique (1819), Musée Rath (1826), Musée d’histoire naturelle et Musée archéologique (1872), Musée d’ethnographie (1901), Musée d’art et d’histoire (1910) – va dépouiller progressivement la Bibliothèque d’une grande partie de ses collections d’objets anciens, y compris de ses gravures et médailles. Les portraits d’hommes illustres – 1952 marque l’acquisition du masque funéraire de Rousseau –, les vues gravées ou lithographiées de Genève – un service des estampes est créé en 1904 – et les cartes régionales constituent désormais les domaines d’excellence que la Bibliothèque va développer par des achats et grâce aux dons provenant de familles genevoises. Thématiquement, l’iconographie des Réformateurs (exposée en partie au Musée international de la Réforme depuis 2005) et celle de Rousseau (la principale en Europe avec les collections de la Bibliothèque nationale de France) constituent ses points forts. S’y ajoutent les collections d’affiches, qui se sont constituées par l’institution du dépôt légal et représentent de ce fait des collections séparées de l’iconographie. Enfin, on n’oubliera pas qu’une grande partie de l’iconographie genevoise, notamment dans le domaine scientifique, se trouve dans l’illustration des ouvrages des collections générales et échappent aux collections du Centre d’iconographie genevoise.

Dès la fin du 18e mais surtout au cours du 19e siècle, aux tableaux et aux estampes vont se joindre la sculpture (bustes et médailles) et la photographie. Toutefois cette dernière joue un rôle mineur dans la politique d’acquisition de l’ancien département iconographique de la Bibliothèque (à l’exception du fonds Susan Farkas, acquis en 1997). Néanmoins, même sans volonté affirmée ni intention de faire collection, pièces diverses, recueils et albums acquis au fil des ans pour des raisons essentiellement thématiques – ainsi des daguerréotypes de Jean-Gabriel Eynard longtemps déposés au Musée d’histoire des sciences – ont peu à peu constitué un fonds de valeur qui documente les développements de la photographie locale dès ses origines, l’institution bénéficiant longtemps du peu d’intérêt que suscite le medium auprès du marché. C’est ainsi qu’a été identifiée dans les fonds de la Bibliothèque la plus ancienne photographie datable avec précision de la ville: une vue du chantier du marché-couvert de Bel-Air prise en 1842.

Les anciennes collections du Service documentaire du Vieux-Genève

En réaction aux opérations de rénovation urbaine qui, à partir des années 1850 remodèlent la ville, détruisant nombre d’édifices significatifs et reconstruisant des quartiers entiers, l’image documentaire prend au tournant des XIXe et XXe siècles une valeur culturelle et sociale qu’elle n’a jamais connue auparavant. C’est à cette époque que naît la notion de « Vieux-Genève » désignant la ville antérieure à 1846 et à la démolition des fortifications. Si les collections iconographiques de la Bibliothèque de Genève ont toujours conservé un caractère humaniste – galeries de portraits ou vues idéalisées de la ville –, les photographies produites alors se veulent archéologiques et se donnent pour but de refléter fidèlement un monde menacé de disparition à brève échéance. Les entreprises d’inventaire, de relevés archéologiques ou architecturaux, de moulage d’objets et bien sûr de photographie se multiplient. Parmi les initiatives les plus marquantes de cet intérêt, il faut citer la création du relief de la ville en 1850 d’Auguste Magnin, montré à l’Exposition nationale suisse de 1896, et la publication entre 1897 et 1907 des relevés photographiques de Frédéric Boissonnas réunis sous le titre des Anciennes maisons de Genève .

"Chantier de démolition de la Porte de Neuve", photographe anonyme, 1855, Bibliothèque de Genève, inv. CIG VG P 0631

La création du Service du Vieux-Genève

Le mouvement prend un tour institutionnel avec la création, en 1907, d’un service municipal du Vieux-Genève destiné à documenter et, lorsque c’est possible, à conserver les témoignages de la ville historique. Cette nouvelle institution, dirigée à l’origine par l’architecte Camille Martin – l’un des auteurs des Anciennes maisons de Genève – bénéficie en 1909 du don des collections de l'Association du Musée suisse de photographies documentaires, fondée en 1901 à l’initiative du conservateur du cabinet de numismatique Eugène Demole. Il s’agit alors déjà de plus de 20’000 documents, négatifs et tirages de sujets divers, suisses et genevois, qui constitueront le cœur des collections du nouveau service. D’abord hébergé à la Bibliothèque de Genève, le «Vieux-Genève» est rattaché au Musée d’art et d’histoire en 1912. Sa mission, en effet, est plus large que les seules collections iconographiques, qui sont gérées par le service documentaire. Celui-ci est placé sous la responsabilité d’Ernest Renard, adjoint du nouveau conservateur du Vieux-Genève et futur archéologue cantonal, Louis Blondel. Le service documentaire du Vieux-Genève obtient ses propres locaux en 1929 à la promenade du Pin, qui sont réaménagés en 1951, avant qu’il ne rejoigne le site de Pont-d’Arve en 1993. Depuis 1986, l’institution dispose d’un lieu d’exposition remarquable à la Maison Tavel, qui va apporter une dynamique aux collections du Vieux-Genève (don Bernard Naef, 1985).

"L’ancienne salle du Vieux-Genève au Musée d’art et d’histoire", photographe anonyme, juin 1980, Bibliothèque de Genève, inv. CIG VG N24x36 555/17

L’approche topographique et les collections de photographies

Même si le rattachement au Musée enrichit les collections de pièces qui recoupent partiellement les collections de la Bibliothèque – la plus ancienne vue de Genève conservée dans les collections du Centre d’iconographie genevoise, un dessin à la plume datable des années 1540, est achetée par le Musée en 1992 –, l’archéologie et plus encore l’architecture constituent les domaines d’excellence du Vieux-Genève. Dès 1907, à l’occasion de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, est constitué le fonds Saint-Pierre, qui réunit plans et documents iconographiques de la cathédrale de Genève; très rapidement, le service dispose d’une documentation sans égale sur la ville ancienne et moderne, réunie au sein d’une photothèque qu’il ne cesse d’enrichir. Le classement est tout entier dominé par l’approche topographique, commune aux études archéologiques et architecturales, qui permet de retrouver rapidement les documents concernant un même bâtiment et son évolution à travers le temps.

Dans la tradition du musée de Demole, la photographie continue de jouer le rôle central dans l’enrichissement des collections. Jusque dans l’après-guerre, le Service poursuit une politique ponctuelle de documentation des immeubles en démolition. A partir des années 1950, l’acquisition d’ensembles déjà constitués de photographies devient centrale. Ils se composent essentiellement de fonds d’ateliers de photographes, de fonds de presse et de fonds d’entreprises (photographes de portraits, éditeurs de cartes postales, agences de presse et journaux). Ils représentent les témoins d’un âge d’or de la photographie, où le nombre de professionnels actifs dans la cité est très important, notamment en raison du rayonnement international de Genève à partir des années 1920. Les fonds anciens comportent notamment les archives, souvent conservées en partie seulement, des photographes genevois Charles Edouard Boesch, Jean-Guillaume Cadoux, Mick Desarzens, Louis Dumas, Charles-Gustave et Pierre-Charles George, atelier Albert Grivel, agence Interpresse, éditeurs Jaeger et Jullien Frères, Frank-Henri Jullien, André Kern, Max Kettel, Valentine Mallet, Victor-Louis Neri, Jean Netuschil, Le Pool photos, Jacques Thévoz, Maurice Wassermann et Joseph Zimmer-Meylan, auxquels s’ajoutent de riches fonds d’entreprise, notamment celles de Cuénod, de Sécheron et des Services industriels de Genève (SIG).

"Le cortège de l’Escalade passant devant les maisons médiévales en démolition à Coutance", Jeanne Joséphine Marie Valentine Mallet, 1er juin 1903, Bibliothèque de Genève, inv. CIG AES N09x12 574

La valorisation de la photographie et les collections contemporaines

L’intérêt pour la technique va évoluer avec la valorisation générale de la photographie dans les dernières décennies du 20e siècle. Considéré jusque-là pour son seul apport documentaire – une grande attention étant accordé aux négatifs originaux et en noir/blanc –, le medium sera de plus en plus collectionné pour ses qualités intrinsèques. Cette nouvelle orientation se traduit non seulement par l’organisation d’expositions, accompagnées de publications, de fonds de photographes genevois à la Maison Tavel, mais encore par la restauration des épreuves anciennes conservées dans les collections, mais souvent malmenées par des systèmes de classement peu attentifs à leur valeur propre.

Un autre effet de cet intérêt renouvelé pour la photographie se traduit par l’acquisition de photographies d’auteurs contemporains, en nombre certes modeste. Ont ainsi fait leur entrée dans les collections certains travaux des photographes Jacques Berthet, Nicolas Crispini, François de Limoges, Christiane Grimm, Alan Humerose, Didier Jordan, Alain Julliard, Denis Jutzeler, Antonio Masolotti, Claudio Merlini, Fausto Pluchinotta, Charles Weber.

"Graffiti anti-G8 sur les palissades de protection de la Banque cantonale de Genève", Fausto Pluchinotta, juin 2003, Bibliothèque de Genève, inv. CIG IG 2003-003 P 18

Pour en savoir plus:

Un résumé des principales activités et acquisitions du Centre d’iconographiea été publié dans le Compte rendu annuel... devenu Rapport annuel... de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève (devenue Bibliothèque de Genève), Genève, 1879-2008.

Danielle Buyssens, avec la collaboration de Sabina Engel et de Christine Falcombello, «Galerie de portraits et collections iconographiques», dans: Patrimoines de la Bibliothèque de Genève. Un état des lieux au début du 21e siècle, textes réunis et édités par Danielle Buyssens, Thierry Dubois, Jean-Charles Giroud et Barbara Roth-Lochner, Genève, 2006, p. 146-167.

Une chronique régulière sur l’activité et les acquisitions du Service documentaire du Vieux-Genève, puis du Centre d’iconographie genevoise (à partir de 1993) a paru dans la revue du Musée d’art et d’histoire Genava (1923-2008).

Estelle Sohier et Ursula Baume-Cousam, «Musée, histoire et photographie, le cas de Genève : sur les traces du Musée suisse de photographies documentaires (1901-1909)», dans Anne Lacoste, Silvio Corsini, Olivier Lugon (dir.), La mémoire des images. Autour de la Collection iconographique vaudoise, Gollion: Infolio, 2015, p. 168-193

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Du lundi au vendredi: de 9h à 12h, sur rendez-vous.

Eloi Contesse
conservateur
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