Pourquoi le dessin des trottoirs genevois est-il unique au monde ?
Date de la réponse: 28.08.2013
Bonjour,
Nous vous remercions d'avoir fait appel au service InterroGE, voici le résultat de nos recherches :
A Genève, le trottoir n’est pas recouvert de bitume, comme c’est le cas dans les autres villes suisses, mais d’une chape de ciment agrémentée de rainures de 1 mètre sur 50 centimètres.
La technique est expliquée par l’architecte Ivan Godinat, interviewé par Philippe Bach dans un article du « Courrier » daté du 6 août 2011 : « La surface de ce ciment est "glacée et bouchardée à la roulette" (ce qui donne cet aspect rugueux), enfin, des rainures – "faux joints au fer" – donnent ce faux aspect de dalles d’un mètre de long sur cinquante centimètres de large. » Cette technique rend «Le trottoir à la genevoise unique au monde» ! : http://www.lecourrier.ch/le_trottoir_a_la_genevoise_une_aoc
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On peut lire dans ce même article que « La Ville de Genève a d’ailleurs édicté des normes relativement strictes qui gravent dans le marbre – pardon, coulent dans le ciment – l’allure que doivent respecter ces rubans de ciment officiellement qualifiés "type ville de Genève". Ces directives précisent même la largeur des chapes à poser et imposent un joint de dilatation tous les vingt mètres. »
Comme l’écrit David Ripoll dans son étude « Les revêtements de sol de la vieille-ville », cette technique date de la fin du XIXe : «En 1886, la technique est suffisamment au point», explique l’auteur dans l'article du « Courrier », «pour donner lieu [à l’époque] au jugement suivant: "Le trottoir en ciment, s’il est bien établi sur un sol stable, donne des résultats supérieurs à l’asphalte; il est à peu près inusable et les produits de bonne marque récemment introduits dans l’industrie genevoise contribueront certainement à accentuer cette supériorité"». (Cette étude n'a pas été publiée, mais elle peut être consultée, sur rendez-vous, au Service de la conservation du patrimoine architectural de la Ville de Genève)
David Ripoll a aussi publié un article sur ce sujet dans le n° 3 de 2012 la revue « Art + architecture en Suisse » disponible à la Bibliothèque d’art et d’archéologie : http://data.rero.ch/01-R007172027
Pourtant, comme l’indique Ivan Godinat, on assiste au retour du bitume sur certains trottoirs pour des questions de coûts, « ce qui s’explique par le prix : le mètre carré d’asphalte est à 50 francs ; le ciment revient à 125 francs le mètre carré.»
Néanmoins le trottoir à la genevoise a encore de beaux jours devant lui comme le conclut le journaliste dans son article : « D’une manière générale, si le trottoir à la genevoise a tout d’abord été utilisé dans les quartiers neufs dans l’entre-deux guerres, il a ensuite essaimé dans les communes. Et même au-delà de la frontière, puisque quelques mètres de trottoirs à la genevoise ont été repérés dans les rues d’Annemasse. »
Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.
Cordialement,
InterroGE
Service de référence en ligne des bibliothèques de la Ville de Genève
http://www.interroge.ch