Chauves-souris suisses de A-Z en 5 minutes

BIODIVERSITÉ : avec près de 30 espèces, les chauves-souris représentent le tiers des espèces de mammifères sauvages de la Suisse.

COLONIES DE MISE-BAS : la plupart des espèces présentes en Suisse constituent des colonies dites de reproduction ou nurseries (pouvant comprendre entre une dizaine et plus de mille individus) pour mettre bas et élever leurs jeunes. A titre d'exemple, une colonie de grands murins située dans les combles d'une habitation dans la vallée de Delémont (JU) compte près de 1’000 femelles (soit une concentration de la quasi totalité des femelles de cette vallée). Pendant la période de reproduction et d’élevage (juin-août), les mâles vivent indépendamment en gîtant aux alentours des colonies de reproduction ou dans des régions plus éloignées.

ÉCHOLOCATION : pour se diriger et capturer leurs proies, les chauves-souris de nos régions émettent des ultrasons (fréquence supérieure à 15 kHz) soit par le nez (Rhinolophes), soit par la bouche (Vespertilionidés, Molossidés et Minioptéridés). Les chiroptères sont capables de se diriger dans l'obscurité la plus complète et peuvent repérer des fils dont le diamètre n'excède pas un dixième de millimètre. Les chauves-souris émettent également des cris sociaux, qui sont de fréquence moins élevée, et qui peuvent être perçus par l'oreille humaine.

ÉLEVAGE DES JEUNES : la jeune chauve-souris est allaitée (comme tous les mammifères) durant environ un mois. L'acquisition du vol et des techniques de chasse se fait avec l'aide de la mère. Une mère reconnait son petit même au milieu de centaines d’autres !

FIDÉLITÉ AUX GÎTES : certaines espèces (grands murins par exemple, une des espèces les plus menacées) semblent manquer de souplesse écologique et colonisent de manière fidèle et répétée leurs gîtes estivaux et hivernaux. La destruction de ces gîtes entraîne (trop) souvent une dislocation des colonies, voire une disparition locale de l'espèce. D'autres chauves-souris (pipistrelles notamment) sont moins exigeantes, et peuvent facilement s'adapter à de nouveaux gîtes. Les oreillards sont relativement fidèles à leurs gîtes de reproduction en bâtiments. Ce phénomène nécessite non seulement le maintien des gîtes des espèces traditionnelles, mais aussi la protection de gîtes de substitution adaptés. À noter que les nichoirs à chauves-souris ne sont pas d’excellents gîtes de substitution. Ils ont souvent du mal à être colonisés.

GUANO :
les fèces rejetées par les chiroptères de nos régions contiennent les restes non digérés de chitine; elles se présentent sous la forme de petits granulats secs. Une colonie de reproduction de grands murins peut rejeter près de 100 kg de guano par année. Le guano constitue un excellent engrais pour les jardins. Des aménagements extrêmement simples comme la pose de feuilles plastiques permettent de prévenir les dérangements dus au guano.

HIBERNATION : au cours de l'hiver, les chauves-souris tombent en léthargie. Les gîtes d'hibernation sont sélectionnés en fonction des exigences physiologiques de chaque espèce. De manière générale, la température du corps est comparable à celle du milieu extérieur et varie entre 8° et 0°C. Le battement du cœur, qui est de 600 pulsations minute chez un animal actif, tombe à 10 ; des pauses respiratoires de 90 minutes ont été observées chez le grand murin. Il est très dangereux de réveiller une chauve-souris en hibernation : pour pouvoir s’envoler, elle devra rétablir son système cardio-respiratoire et sa température, brûlant ainsi une partie des réserves de graisses accumulées durant l’été et l’automne. Les insectes étant très rares voire totalement absents en hiver, elle ne pourra pas reconstituer ses réserves.

LONGÉVITÉ : les chauves-souris ont une durée de vie exceptionnellement élevée. En Europe, des chauves-souris âgées de plus de 30 ans ont été observées dans la nature (on peut le savoir grâce aux bagues posées sur les avants bras lors des captures).

MENACES : les principales menaces sont la disparition des biotopes et habitats riches en insectes et la destruction ou la perturbation des gîtes dans les bâtiments ou les grottes (la majorité des colonies de reproduction se trouve dans les habitats humains). L'accumulation de pesticides ou autres produits dérivés d'organochlorés dans les tissus graisseux jouent également jouer un rôle négatif, mais ce problème n'est pas encore bien connu sur le plan scientifique.

MIGRATIONS : la plupart des espèces sont sédentaires, ou entreprennent des déplacements peu importants entre leurs gîtes de reproduction et d'hibernation. Mais la pipistrelle de Nathusius, la noctule commune et peut-être la sérotine bicolore sont migratrices et peuvent entreprendre des déplacements saisonniers de plusieurs centaines de km, notamment entre l'Europe de l'est et nos régions. Le minioptère de Schreibers, seule espèce à coloniser les grottes été comme hiver, entreprend quant à elle des déplacements pouvant dépasser plus de 100 km pour passer d'une cavité à l'autre (on peut également le savoir grâce aux bagues posées sur l’avant-bras lors de captures).

NOMBRE D'ESPÈCES :
30 en Suisse, 35 en Europe et plus de 1’200 dans le monde. Quatre familles sont présentent dans notre pays: Rhinolophes, Vespertilionidés, Molossidés, Minioptéridés. Une liste des espèces présentes en Suisse figure en p. 4 du Guide pour la protection des chauves-souris lors de la rénovation des bâtiments. (voir annexe)

NOURRITURE : toutes les espèces d'Europe se nourrissent exclusivement d'insectes et d'arthropodes ; dans les régions tropicales, certaines espèces se nourrissent de fruits, de pollen, de vertébrés. Trois espèces vivant en Amérique centrale se nourrissent de sang de mammifères ou d’oiseaux. Une colonie de 50 chauves-souris peut détruire près de 15 kg d'insectes par année. Une chauve-souris portante ou allaitante doit manger chaque nuit la moitié de son poids en insectes!

PRÉDATEURS : les chauves-souris n'ont pas de prédateurs naturels, mais se font occasionnellement capturer par des chats ou des chouettes. (8 chauves-souris sur 10 qui arrivent aux centres de soins ont été blessées par des chats !)

TAILLE ET POIDS : la pipistrelle pygmée est la plus petite espèce de la faune chiroptérologique suisse: elle pèse 4 g et mesure 3-4,5 cm (envergure 20 cm) ; la noctule commune est une des plus grandes: elle peut atteindre un poids de 30 g et mesure 8-9 cm (36 cm d'envergure). Certaines espèces tropicales (mégachiroptères) peuvent peser 1,5 kg et atteindre une envergure 1,5 m.

TAUX DE REPRODUCTION : les femelles ne mettent bas qu'un (exceptionnellement deux) jeune (s) par année. Ce faible taux de reproduction, bien que compensé par une grande longévité explique pourquoi la protection des colonies, voire des individus pris isolément, revêt une grande importance. La problématique soulevée par la conservation des chiroptères se rapproche ainsi plus de celle de grands mammifères à faible renouvellement des populations (éléphants ou baleines) que de celle d'animaux plus féconds comme les renards, les hirondelles ou les chouettes.

UTILITÉ : les chauves-souris sont d'excellents prédateurs d'insectes (moustiques, hannetons, etc); ce sont de précieux bio indicateurs de la qualité de l'environnement et elles jouent un rôle important dans l'équilibre et la dynamique des écosystèmes terrestres.

VOL : les chiroptères (étymologiquement "aile dans la main") sont les seuls mammifères aptes au vol battu. Cette acquisition au vol actif demeure une énigme scientifique: les fossiles les plus anciens proviennent de l'Éocène (50 millions d'années) et présentent une morphologie alaire quasi identique à celle des espèces actuelles. Certaines chauves-souris (oreillards) ont un vol souple et très « manœuvrable », autorisant le vol sur place. D'autres espèces (noctules) ont un vol plus rigide mais plus rapide. Les chiroptères à vol rapide se déplacent et chassent en altitude (plus de 20 m au-dessus de la surface du sol), alors que les autres chassent dans les couronnes des arbres, les taillis, voire à la surface des plans d'eau.