La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
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Objectif Subjectif
Portraits de Susan Farkas 1960-1990

Texte de Nicolas Schaetti
Commissaire de l’exposition : Jorge Perez


Une vue de l’exposition (BGE/Stéphane Pecorini)

C’est le jeudi 19 novembre dernier qu’a été inaugurée l’exposition intitulée «Objectif Subjectif : portraits de Susan Farkas, 1960-1990 ». Après quelques mots de bienvenue de M. François Jacob, conservateur en charge du musée, M. Nicolas Schaetti, conservateur responsable du Centre d’Iconographie, a rappelé le contexte dans lequel l’œuvre photographique de Mme Farkas avait rejoint les collections de la Bibliothèque de Genève. M. Jorge Perez, commissaire de l’exposition, a alors expliqué les principes de l’accrochage proposé au premier étage du musée avant que Mme Farkas, à l’issue de quelques mots, ne soit invitée à signer le livre d’or de l’Institut.


Le premier appareil de Susan Farkas, offert par son père (BGE/Stéphane Pecorini)

Nous reproduisons ci-dessous le texte offert par M. Nicolas Schaetti dans le livret d’exposition qui accompagne les quelques dizaines de photographies proposées à l’attention du public.

 À sa naissance, vers 1839, la photographie suscite l’hostilité de certains artistes qui pratiquent le portrait en peinture. Ils se sentent menacés par la capacité du daguerréotype à rendre avec précision les visages, une forme de représentation qu’ils jugent trop mécanique. Néanmoins, les défauts des premiers temps, qui imposent des durées de pose longues et pénibles aux modèles, seront vite corrigés et le portrait photographique va s’imposer dans la quasi-totalité des familles. De nos jours, c’est à une autre invention – l’appareil de prise de vue intégré à nos téléphones portables – que l’on doit la révolution des selfies. La prise sur le vif d’instantanés l’emporte désormais sur la transmission d’une image de soi, pérenne et maîtrisée. Le portrait encadré a été décroché des murs des salons et rejoint le monde immatériel des échanges sur les réseaux sociaux.


Le livre d’or de l’Institut, sous bonne garde… (BGE/Stéphane Pecorini)

Le passage à la couleur

L’œuvre de Suzan Farkas, née en 1938 à Budapest, s’inscrit à un moment particulier de cette évolution, celui des derniers moments de l’argentique. Lorsqu’elle s’installe à Genève, dans les années 1960, le métier connaît ce qu’il est convenu d’appeler un âge d’or : les photographes sont nombreux sur la place, l’image prend une importance grandissante dans une presse riche et diversifiée, le recours à un professionnel pour immortaliser les événements de la vie privée reste une habitude solidement ancrée ; bientôt le médium sera valorisé sur les cimaises des musées qui lui seront dédiés. Grâce à son talent, Suzan Farkas connaîtra le succès. En 1976, elle ouvre un studio dans les Rues-Basses, dans le passage Malbuisson, puis, déménagera dans le nouveau complexe de Confédération Centre. Son travail qui couvre le dernier quart du XXe siècle a rejoint en 2007 les collections du Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève.


Film de présentation de l’œuvre de Susan Farkas, à l’entrée de l’exposition (BGE/Stéphane Pecorini)

Dans les années 1960, la photographie est encore très majoritairement en noir et blanc. Formée en Hongrie, Suzan Farkas dispose d’un solide métier, acquis à Budapest dans les meilleurs studios, notamment auprès du photographe Angelo (Funk Pál). À Genève, elle s’intéresse à une innovation qui peine alors à s’imposer : la photographie couleur dont elle sera l’ambassadrice pour la firme Kodak et dont elle enseignera les secrets à de nombreux praticiens. La couleur lui permettra de donner la pleine mesure de son talent. « Toutefois, dit-elle, je n’ai jamais appréhendé la pratique de la couleur comme une nouveauté technologique. Pour moi il s'agissait de gommer la subjectivité du noir-blanc et de me rapprocher encore plus de mes sujets. La couleur permet de rendre les gens tels qu'ils sont. »

« La photographie est avant tout une affaire de rencontres. »


Au cœur de l’exposition : Susan Farkas et deux visiteurs (BGE/Stéphane Pecorini)

Le portrait est au cœur de l’œuvre de Suzan Farkas. Tout ce que Genève connaît en célébrités a défilé dans son studio : personnalités du monde de la politique, de l’économie, des médias ou du sport. « Photographier des stars relève du défi, affirme-t-elle. Conscientes de leur image, prenant la pose, elles ne laissent que peu d'espace au photographe ». Comme son maître Angelo, elle défend en effet « une approche psychologique du portrait photographique », la technique, qu’elle maîtrise pourtant à la perfection, ne jouant qu’un rôle secondaire. Pour elle, le portrait naît de l’empathie qui se crée peu à peu lors de la rencontre du photographe avec son client. Elle demande toujours à voir ses modèles quelques jours avant la prise de vue. L'occasion de se connaître, de bavarder, de partager un café, bref le début d'une relation : « nombre de clients trouvent très désagréable de venir se faire photographier ; l’impression qu’ils ont de n’être pas photogéniques prend souvent l’allure d’une idée obsessionnelle. En discutant avec eux de leurs complexes, et surtout en les considérant comme mes invités, je vais au-devant de leurs désirs ». Réflexions sur le vêtement et la physionomie trouvent naturellement leur place dans le studio où un local est spécialement dédié au maquillage, que Suzan Farkas assimile aux retouches qu’elle est amenée à faire sur ses tirages photographiques. Sa démarche subjective vise ainsi autant la personnalité que l’apparence – qui pour elle est le reflet de nos aspirations profondes – pour créer un univers qui soit propre à son modèle : « Je n'ai jamais considéré ma pratique comme artistique. Ce n'est pas mon art qui doit transparaître mais l'âme du sujet. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas de style. Mes portraits sont tous différents et c'est une fierté : je ne veux pas que ce soit mon savoir-faire qui transparaisse sur les images ».


Susan Farkas face au portrait de Claude Ketterer, ancien maire de Genève (BGE/Stéphane Pecorini)


Un moment chaleureux (BGE/Stéphane Pecorini)


Susan Farkas : portrait d’une portraitiste (BGE/Stéphane Pecorini)


Inauguration officielle, dans le Grand Salon (BGE/Stéphane Pecorini)


Susan Frakas et Nicolas Schaetti (BGE/Stéphane Pecorini)


Discours de Jorge Perez, commissaire de l’exposition (BGE/Stéphane Pecorini)


La signature du livre d’or (BGE/Stéphane Pecorini)

Légendes des illustrations
(Crédits : Stéphane Pecorini, Bibliothèque de Genève)

01 : Une vue de l’exposition
02 : Le premier appareil de Susan Farkas, offert par son père
03 : Le livre d’or de l’Institut, sous bonne garde…
04 : Film de présentation de l’œuvre de Susan Farkas, à l’entrée de l’exposition
05 : Au cœur de l’exposition : Susan Farkas et deux visiteurs
06 : Susan Farkas face au portrait de Claude Ketterer, ancien maire de Genève
07 : Un moment chaleureux
08 : Susan Farkas : portrait d’une portraitiste
09 : Inauguration officielle, dans le Grand Salon
10 : Susan Frakas et Nicolas Schaetti
11 : Discours de Jorge Perez, commissaire de l’exposition
12 : La signature du livre d’or

 

 



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© IMV Genève | 10.12.2015