La revue électronique de l'Institut et Musée Voltaire
ISSN 1660-7643
       
         
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par Alla. A. Zlatopolskaya et Christophe Paillard

    
       

 

     
 

 

Du nouveau sur Wagnière, secrétaire de Voltaire, et la Russie.
Sa pension impériale, Catherine II, Alexandre Ier et les manuscrits voltairiens de Saint-Pétersbourg.

Longtemps inaccessibles au chercheur occidental et toujours difficiles d’accès, les archives russes constituent une source précieuse qui permet de confirmer et d’approfondir, sinon d’infirmer et de corriger, les perspectives de la recherche voltairiste, quand elles n’autorisent pas des aperçus nouveaux. La relation privilégiée établie par Voltaire avec la Russie dans les années 1750 sous Élisabeth Ière pour réaliser, sur commande, l’Histoire de l’empire de Russie, sous Pierre le Grand (1759-1762), puis, surtout, à partir de 1762, avec Catherine II, rend compte de la présence d’innombrables documents le concernant dans différents fonds épars à travers l’immense territoire du plus grand pays du monde. S’il n’est pas toujours facile de se retrouver dans ce dédale 1, il est toujours utile de s’y aventurer, voire de s’y égarer, pour prendre la pleine mesure du rayonnement international de Voltaire au siècle des Lumières. C’est ce que nous voudrions établir ici en étudiant le plus fidèle et loyal de ses secrétaires, Jean-Louis Wagnière (15 octobre 1739-7 avril 1802), qui le servit entre 1755 et 1778, et qui s’attacha à défendre et à illustrer sa mémoire posthume 2. Catherine II ayant fait en décembre 1778 l’acquisition de la bibliothèque de Ferney, Wagnière fut chargé de l’installer à l’Ermitage du Palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg à l’été 1779. Par un oukase du 28 décembre 1779 3, il fut récompensé de cette mission en devenant le pensionnaire de Sa Majesté Impériale de Toutes les Russies, première et principale destinataire des manuscrits voltairiens qu’il a rassemblés et des relations bio-bibliographiques qu’il composa. La prise en compte de son témoignage ainsi que des documents russes le concernant de près ou de loin nous permet de mieux comprendre la nature de cette bibliothèque - la seule d’un homme de lettres du XVIIIe siècle à avoir été intégralement conservée - qui fait figure de Graal des études voltairiennes. C’est ce que nous voudrions établir ici en évoquant deux points distincts mais corrélés, les manuscrits aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de Russie et la pension libéralement octroyée à Wagnière par l’impératrice que Voltaire surnommait familièrement « Catau », et non moins libéralement reconduite par son petit-fils, Alexandre Ier, au profit de sa veuve. Le présent article se compose de deux parties, l’une qui est l’œuvre du premier signataire et l’autre qui est le fruit de la collaboration des deux signataires.

I/ Les manuscrits voltairiens de Saint-Pétersbourg et la préhistoire de l’édition de Kehl

En installant la collection de son maître à l’Ermitage, Wagnière ne classa pas seulement près de sept mille livres. Il mit également en ordre certains des manuscrits de la prestigieuse bibliothèque de Ferney, soit les treize volumes des papiers de Voltaire et les cinq volumes qui lui avaient été adressés par la cour impériale dans les années 1750 pour réaliser l’Histoire de l’empire de Russie. Ces cinq derniers volumes ont récemment fait l’objet d’un article posthume du regretté Nikolaï Alexandrovitch Kopanev et de sa veuve, Natalia Petrovna Kopaneva, qui précise les dates d’envoi et/ou de réception des différents documents adressés à Voltaire sous la supervision du génial Mikhaïl Lomonosov, fondateur de l’Université de Moscou et brillant professeur de l’Académie de Saint-Pétersbourg 4. Les treize premiers volumes ne laissent pas d’être problématiques au regard des études voltairiennes.

Jean-Louis Wagnière en avait dressé un bref inventaire en 1779. Cet inventaire nous est connu par une copie de la main de Jacques Joseph Marie Decroix, qui s’attache à le commenter 5. Or, non seulement cette « Note » ne décrit pas le contenu du treizième volume mais elle affirme, selon le commentaire de Decroix, qu’il serait arrivé à Saint-Pétersbourg trois ans après les autres, soit en 1782, par un don de Wagnière à l’impératrice :

« On sait que cette bibliothèque de Voltaire a été cédée à l’impératrice de Russie, Catherine II, par Mme Denis, qui en a été récompensée très magnifiquement. Mais son intention n’était point que les manuscrits y fussent compris, puisqu’elle s’était engagée à les livrer tous à M. Panckoucke qui en avait traité avec elle. Pourquoi donc se trouve-t-il tant de choses manuscrites dans les catalogues ci-dessus, sans parler des notes marginales aux livres imprimés ? On ne peut guère s’empêcher de croire que Wagnière, chargé d’aller conduire et arranger à Pétersbourg la bibliothèque de Voltaire, n’y ait joint, pour faire sa cour à l’impératrice, tout ce qu’il put recueillir de manuscrits de son maître. Il en fait même en quelque sorte l’aveu, en disant ci-dessus, page 4, qu’à son retour de Russie, en 1782, il y envoya encore assez de manuscrits de Voltaire nouvellement recouvrés par lui, pour en former un 13e tome. Aussi fut-il très satisfait de la manière généreuse dont le récompensa l’impératrice, qui le fit son pensionnaire, indépendamment des présents considérables qu’il en reçut. Il est très vraisemblable que Mme Denis et M. Panckoucke n’eurent aucune connaissance de ce transport de manuscrits à Pétersbourg. Ils s’y seraient opposés avec raison; M. Panckoucke avait le droit de les réclamer, comme faisant partie de la cession de Mme Denis. Ces papiers eussent été fort utiles pour l’édition qu’il devait donner. Ils le seraient encore aujourd’hui pour le supplément à l’édition de Kehl. Mais quel moyen de les consulter ! Tous les gens de lettres et même tous les Français, doivent gémir de ce qu’un dépôt si précieux se trouve aujourd’hui confiné sur le lac Ladoga, au 60e dégré de latitude, au lieu d’être à Paris ».

Cette version est-elle crédible ? Dans notre seconde édition de la Correspondance de Wagnière, nous l’avions mise en doute 6. Des documents inédits confirment cette intuition. Selon un document conservé à Saint-Pétersbourg, le « Cabinet de Sa Majesté Impériale », Catherine II, a enregistré le versement le 22 mars 1780 à « Tomas », relieur attitré de la Cour, de la somme de « 160 roubles » pour la reliure des 18 volumes de la Bibliothèque de Voltaire 7. Et, de fait, tous ces volumes sont identiques en ce qui concerne la reliure (maroquin rouge), le format, les pièces de titre et de tomaison. Inéluctable est la conclusion : le 13e volume des papiers du Patriarche est arrivé avec tous ses frères à Saint-Pétersbourg en 1779.

Ce fait n’est pas anodin. Wagnière avait prévu d’adresser à son « auguste bienfaictrice » (sic), l’impératrice de Russie, un volumineux paquet de manuscrits. Dans une lettre adressée à son « bon protecteur », F. M. Grimm, qui l’avait mis en relation avec cour impériale en 1782 et qui semble avoir donné lieu  la version de Decroix, Wagnière écrit :

« Voici le paquet contenant la copie que j’ai faite des diverses petites choses que j’ai pu ramasser de feu mon cher maître, que je vous prie de mettre ainsi que ma personne, aux pieds de mon auguste bienfaitrice. Je l’ai communiqué à votre bon ami M. Tronchin qui a bien voulu s’en amuser. Je n’y ai pas mis bien des petites corrections et additions, qui ne peuvent être placées que dans les volumes même. J’avais envie de faire relier mon paquet en maroquin rouge, doré, avec le titre Manuscrits Voltaire, Tome 14, pour être placé à la suite de ceux de S.M.I. mais je n’ai pas osé me fier aux relieurs genevois dans l’anarchie abominable où est Genève ».

La minute de cette lettre est cependant ambigüe. Wagnière avait commencé par écrire « 13 » avant de surcharger le dernier chiffre pour le transformer en « 4 ». Force est de conclure que le 13e volume des papiers du Patriarche est arrivé avec ses frères à Saint-Pétersbourg en 1779 et que Wagnière avait prévu d’adresser à Catherine II un  14e volume de manuscrits.

Christophe A. Paillard, le 11 août 2014, Potsdam.

II/ Les Wagnière, le comte Vorontsov et l’empereur Alexandre Ier

La dernière édition de la Correspondance de Jean-Louis Wagnière, s’achève sur une lettre adressée en avril 1803 par sa veuve, Rose Françoise Suzanne, née Corboz (26 avril 1741-13 janvier 1816), au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov pour le remercier de sa « bonté ». Cette lettre donne à entendre que Mme Wagnière avait prié Vorontsov de bien vouloir prolonger à son profit la pension octroyée en 1779 à son mari par Catherine II pour le récompenser d’avoir installé à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg la bibliothèque de Voltaire, et que ce puissant seigneur avait favorablement répondu à sa requête. « J’obéis à vos ordres précis, Monseigneur, en prenant la liberté de vous dire que ce serait à Genève où il me serait plus avantageux de toucher la pension qui m’est si gracieusement accordée par Sa Majesté Impériale » 8.
Conservés aux Archives historiques russes d’État à Saint-Pétersbourg, deux documents certifient la réalité de ce témoignage : la pension obtenue par Jean-Louis Wagnière a été reconduite, à la demande de sa veuve, par oukase d’Alexandre Ier. Mme Wagnière eut bien raison de s’adresser au comte Vorontsov (1741-1805), qui, à la demande de Catherine II, était devenu le protecteur de son mari en Russie. Dans une lettre de la fin de 1779, le « factotum » parisien de l’impératrice, Friedrich Melchior Grimm, rassurait François Tronchin, ami genevois de Wagnière, sur le sort de son protégé, arrivé à Saint-Pétersbourg. « S.M.I. l’avait recommandé dès son arrivée aux soins de M. le comte Alexandre de Vorontsov, président du commerce ». Dans une seconde lettre, Grimm répétait cette information : « S.M. lui a assigné cent roubles par mois pour ses menues dépenses. Elle avait d’ailleurs recommandé dès le commencement à M. le comte Alexandre Vorontsov, président du Commerce, d’en avoir soin » 9. Le comte Vorontsov (1741-1805) fut un des plus hauts personnages de l’État sous Élisabeth Ière, Catherine II, Paul Ier et, surtout, Alexandre Ier. Il fut successivement chargé d’affaires de Russie à Vienne (1761-1762), ministre plénipotentiaire à Londres (1762-1763), puis en Hollande (1763-1768), président du Collège de Commerce (1773-1792), sénateur (1779), membre du Conseil d’État (1787), puis, à l’époque de la lettre de Mme Wagnière, chancelier impérial et ministre des Affaires étrangères (1802-1804). Dans sa Relation du dernier voyage de M. de Voltaire à Paris, et de sa mort, Wagnière fait l’éloge de son cercle : « Je dois aussi la plus tendre et la plus respectueuse reconnaissance au respectable Monsieur le comte Alexandre de Vorontsov pour toutes les bontés qu’il a eues pour moi à Pétersbourg, pour l’intérêt qu’il a daigné prendre à ce qui me regardait, et pour tout ce qu’il a fait pour moi. Messieurs ses frères, Messieurs de Bezborodko, de Bacounine, de Lwof, de La Fernière, et tous les autres amis de mon protecteur, Son Excellence Monsieur le comte Alexandre de Vorontsov, ont pénétré mon cœur, et y ont laissé de sincères sentiments par la manière dont ils ont bien voulu me recevoir 10 ». Ces familiers de Vorontsov sont son frère, le comte Semen Romanovitch Vorontsov (1744-1832), ministre plénipotentiaire de Russie à Venise, ministre, puis ambassadeur à Londres ; probablement son cousin Ivan Alekseevitch Vorontsov (1736-1806), conseiller de l’ambassade russe à La Haye, puis conseiller d’État ; Alexandre Andreevitch Bezborodko (1714-1799), créé comte en 1784 puis prince en 1797, secrétaire d’État (1775-1796) et chancelier impérial (1797-1799) ; Petr Vassilievitch Bakounine (1732 ou 1734-1786), conseiller secret, Premier membre du Collège des Affaires étrangères (1780-1783) ; Nikolaï Alexandrovitch Lvov (1753-1803), membre de l’Académie russe et membre honoraire de l’Académie des beaux-arts, architecte néoclassique ayant notamment travaillé pour Vorontsov, poète et musicien, qui était lié à Bakounine ; Franz Hermann La Fermière (1737-1796), bibliothécaire, lecteur et professeur de littérature française du grand-duc Paul, auquel il avait été recommandé par les frères Vorontsov 11.
Après son retour de Russie, Wagnière adressa plusieurs lettres à Vorontsov pour le remercier de sa protection 12. Ce comte fut le destinataire de ses relations biographiques sur Voltaire, qu’il adressait, en premier lieu, à son « auguste bienfaictrice [sic] », Catherine II, puis, après quelques mois destinés à respecter la préséance de l’impératrice, à son protecteur russe, non sans y introduire diverses modifications textuelles. En s’adressant à Vorontsov, Mme Wagnière suivait une tradition familiale établie par son mari.
Le premier document est un oukase du 5 mars 1803, enregistré le 6 mars, par lequel Alexandre Ier rappelle que la pension octroyée à Jean-Louis Wagnière s’établissait à 1500 livres tournois par an, et ordonne de verser à sa veuve une pension annuelle de 300 roubles 13. Le second document est une lettre adressée le même jour par Vorontsov, Chancelier impérial et Ministre des Affaires étrangères, à Dimitri Gouriev, directeur de cabinet de l’empereur, pour lui demander d’enregistrer deux décrets, celui que nous venons d’évoquer et un autre octroyant une bourse de 5000 roubles à Sénac de Meilhan pour services rendus à la cour 14.
Apparemment inédits, ces documents témoignent qu’Alexandre Ier, sans doute un des empereurs les plus éclairés de Russie, sut prolonger la politique initiée par Élisabeth Ière et parfaitement orchestrée par Catherine II, souveraines qui s’attachèrent les services de Voltaire pour mettre en scène la gloire et la grandeur de l’empire russe. En pleine Révolution, alors que la France était devenue un Empire, le patriarche de Ferney continuait à constituer un enjeu de la politique extérieure de la Russie. Ce n’est pas le moindre de ses mérites.

Alla A. Zlatopolskaya et Christophe A. Paillard, Saint-Pétersbourg, le 8 août 2014.


1 Voir cependant Les Archives de l’Est et la France des Lumières, dir. Georges Dulac et Sergueï Karp, 2 vol. Ferney-Voltaire, CIEDS, 2007, qui pourront servir de fil d’Ariane.

2 Voir Christophe Paillard, Jean-Louis Wagnière ou les deux morts de Voltaire, Saint-Malo, Cristel Éditions, 2005, et Jean-Louis Wagnière, secrétaire de Voltaire. Lettres et documents, SVEC 2008:12, Oxford, Voltaire Foundation, 2008.

3 Jean-Louis Wagnière, secrétaire de Voltaire. Lettres et documents, op. cit., p. 169. L’oukase est daté du 17 décembre 1779, vieux style (calendrier julien).

4 Nikolaï Alexandrovitch Kopanev et Natalia Pavlovna Kopaneva, « M. V. Lomonosov et le premier envoi de manuscrits sur l’histoire russe à Voltaire », Revue Voltaire, 14, 2014, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, p. 225-240.

5 « Note des manuscrits trouvés dans la bibliothèque de M. de Voltaire », Jean-Louis Wagnière, secrétaire de Voltaire. Lettres et documents, op. cit., p. 371-384.

6 Jean-Louis Wagnière, secrétaire de Voltaire. Lettres et documents, op. cit., p. 374-378.

7 Archives historiques russes d’État (RGIA), Saint-Pétersbourg, Fonds 468, Op. 1, № 3895, liste 102/ob. Mme Irina Zaytseva, conservatrice de la réserve des livres rares de Tsarskoye Selo, a eu l’obligeance de nous signaler l’existence de ce document. Nous devons lui exprimer nos chaleureux remerciements et l’expression de notre gratitude. Nous avons appris par la suite que ce document était également connu de Mme Alla Zlatopolskaya. Ce document n’est pas inventorié dans Les Archives de l’Est et la France des Lumières, op. cit., t. 1, p. 217.

8 Rose Françoise Suzanne Wagnière au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov, 20 avril 1803, voir Jean-Louis Wagnière, secrétaire de Voltaire. Lettres et documents, op. cit., p. 326-327.

9 Friedrich Melchior Grimm à François Tronchin, 25 novembre et 20 décembre 1779, Correspondance privée de Frédéric-Melchior Grimm (1723-1807), présentée et annotée par Jochen Schlobach et Véronique Otto, Genève, Éditions Slatkine, 2009, p. 157-158.

10 Nous citons ce texte d’après le manuscrit conservé aux Archives russes d’État des actes anciens (Moscou), Ф.1261, Opis 1, n° 2996, f. 1-44. La présence de cette note, absente du manuscrit qu’avait adressé Wagnière à Catherine II, s’explique par le fait que Vorontsov était le destinataire du présent document.

11 Certaines de ces précisions biographiques sont dues à l’obligeance et à l’érudition d’Alexandre Stroev, auquel nous adresson nos plus chaleureux remerciements.

12 Wagnière à Vorontsov, 26 avril, 21 juin et 20 octobre 1780, 6 septembre 1782, 10 avril 1785, 24 octobre 1786, 10 et 11 janvier, 11 et 12 février 1791 dans Jean-Louis Wagnière, secrétaire de Voltaire, op. cit., p. 178-180, p. 184-185, p. 189-190, p. 229-230, p. 262-263, p. 274-275 et p. 315-317.

13 RGIA, Ф. 468, Opis 1, n° 3920, f. 131.

14 RGIA, Ф. 468, Opis 1, n° 3920, f. 129. Ce document et le précédent ne sont pas inventoriés dans Les Archives de l’Est et la France des Lumières, op. cit., t. 1, p. 217.



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