Un loup sauvage exposé au Muséum d'histoire naturelle de Genève
Au sein de l'exposition Trésors, qui retrace la vie des collections scientifiques du Muséum au cours des 200 ans de son existence, nous vous présentons un nouveau spécimen exceptionnel : un loup sauvage du Jura issu des tirs de régulation de la meute du Marchairuz. Ce mâle de 3 ans symbolise le retour naturel des grands prédateurs dans nos régions, mettant fin à une anomalie écologique puisque tous les grands prédateurs (loup, ours, lynx), ainsi que plusieurs autres grands mammifères (cerf, sanglier, bouquetin) avaient été totalement exterminés de notre pays au cours des 19e et 20e siècle. Ce spécimen taxidermisé illustre malheureusement aussi la difficulté de concilier pastoralisme moderne et retour des grands prédateurs, qui se traduit parfois par des abattages ponctuels.
Du Marchairuz aux collections du Muséum
En quoi l'entrée d'un loup dans les collections présente-t-il un intérêt pour la science? Comme le dit si bien l'adage, on ne peut protéger que ce que l'on connaît. Pendant des siècles, victime de sa réputation, le loup était vu comme une créature effrayante rôdant la nuit et s'attaquant au bétail et aux enfants, ce qui lui a valu d'être chassé jusqu'à l'extermination. Le présenter dans une posture non agressive, l'étudier et le faire connaître, va permettre de sensibiliser le public. Car un Muséum est à la fois un lieu d'exposition mais surtout un centre de recherche scientifique dont l'objectif principal est de partager les savoirs tout en œuvrant à la conservation de la biodiversité. Notre collection, l'une des plus importantes d'Europe, est un support précieux pour la recherche, l'enseignement et la diffusion. Grâce à ses compétences pluridisciplinaires, il apporte un éclairage scientifique de grande valeur, en particulier sur les questions d'environnement.
Un retour naturel
Les loups qui peuplent aujourd'hui les régions alpines et les forêts jurassiennes proviennent d'un lent processus de recolonisation naturelle, entamée à partir des populations ayant survécu dans les Apennins, en Italie. Cela fait plus de 30 ans que les premiers loups sauvages ont été détectés dans l'arc alpin, mais ce n'est qu'à partir de 2012 que le premier couple reproducteur s'est établi en Suisse. Depuis, ils ont prospéré puisque l'on compte aujourd'hui une quinzaine de meutes reproductrices, dont 2 ou 3 établies dans le Jura, pour un total d'environ 150 à 200 individus.
Ce retour naturel du grand prédateur ne va pas sans poser de problèmes aux éleveurs de bétail puisque les pratiques d'élevage actuelles ne sont plus adaptées à cette nouvelle situation, sans compter la dimension émotionnelle engendrée par les attaques et plus globalement, par la présence du loup de plus en plus proche des zones habitées.
En savoir plus sur le loup
L'association OPPAL pour une meilleure cohabitation entre le loup et l'humain.
Les films documentaires et les dossiers de La Salamandre
Au retour des loups de Marie Amiguet
Avec les loups de Marie Amiguet
Dossier "Le loup parmi nous"